Victimisation secondaire : « double peine » des victimes de violences psychologiques
En tant que psychologue spécialisé en psychotraumatologie, je souhaite aborder avec vous un phénomène malheureusement fréquent chez les victimes de violence psychologique : la victimisation secondaire. Il s’agit de cette « deuxième violence » que subissent les les victimes lorsqu’elles cherchent de l’aide ou dénoncent les faits. Autrement dit, après les abus infligés par un partenaire narcissique, la personne victime souffre encore de réactions négatives de la part de son entourage, des institutions ou de la société. Cet article vise à définir clairement la victimisation secondaire, à explorer les mécanismes sociaux, juridiques, médicaux ou familiaux qui la provoquent, et à expliquer pourquoi elle est particulièrement délétère pour les victimes de violences psychologiques. J’illustrerai mon propos par un exemple clinique et proposerai enfin des pistes concrètes pour vous aider à la prévenir ou à y faire face, le tout dans une approche clinique, empathique et surtout solidaire de votre vécu.
Qu’est-ce que la victimisation secondaire ?
La victimisation secondaire (également appelée revictimisation, violence institutionnelle ou victimisation sociale) désigne l’ensemble des blessures psychologiques subies non pas du fait de l’agresseur initial, mais en raison des réactions inadéquates de l’entourage, des professionnels ou des institutions face à la victime village-justice.com. En d’autres termes, c’est une « double peine » : après la première violence (par exemple des abus psychologiques perpétrés par un conjoint narcissique), la victime endure une seconde vague de souffrance causée par le manque de soutien, le doute ou le blâme provenant de son environnement.
D’un point de vue psychologique, Frema Engel définit la victimisation secondaire comme « les conséquences indirectes du crime et, plus particulièrement, la douleur et les blessures psychologiques infligées aux victimes par l’entourage et par les institutions judiciaires et sociales. Ces blessures résultent du manque de soutien auquel s’attend la victime de la part de ses proches, de la communauté, de la société en général ». De même, la psychologue Joane Turgeon parle de « réactions négatives envers la victime de la part des personnes à qui elle se confie ou demande de l’aide », des réactions qui ont des effets dévastateurs et engendrer de véritables « blessures secondaires » telles qu’un sentiment d’injustice, de trahison, de culpabilité, de peur ou d’impuissance. Ces définitions soulignent que la victimisation secondaire naît de l’écart entre ce que la victime était en droit d’attendre (de la compréhension, de l’empathie, une protection) et la réalité de l’accueil qu’elle reçoit.
Il est important de noter que tout le monde dans l’entourage ou les institutions peut, consciemment ou non, contribuer à une victimisation secondaire. Cette seconde violence émane d’une personne proche (famille, amis, voisins), de professionnels de l’urgence ou du soin (policiers, gendarmes, médecins, psychologues), de membres du système judiciaire (avocats, magistrats) ou même de la couverture médiatique resilience-psy.com. Par exemple, un membre de la famille qui minimise les faits ou blâme la victime, un policier qui accueille froidement la plainte, un médecin qui ignore la détresse psychologique, ou encore un journaliste qui dévoile des détails intimes, participent tous – volontairement ou non – à cette dynamique de revictimisation.
Mécanismes sociaux, juridiques, médicaux et familiaux de la revictimisation
Plusieurs mécanismes provoquent ou entretiennent la victimisation secondaire des victimes de violences psychologiques. Les voici déclinés selon différents milieux :
Dans la sphère familiale et sociale
Le premier soutien attendu par une victime est celui de ses proches. Or, il arrive que la famille, les amis ou l’entourage réagissent mal, par ignorance, préjugés ou influence de l’agresseur. Ils peuvent ne pas croire le récit de la victime, minimiser la gravité des abus subis (« Ce n’est pas si grave, tu exagères »), voire blâmer la victime en insinuant qu’elle a sa part de responsabilité (« Tu aurais dû partir plus tôt, c’est un peu de ta faute si ça a duré »). Ces réactions invalident la parole de la personne en souffrance et la plongent davantage dans l’isolement et la honte. Malheureusement, dans le cas de violences psychologiques infligées par un pervers narcissique ou narcissique, l’entourage a parfois été manipulé par l’agresseur : ce dernier a peut être isolé sa victime et soigné son image publique, de sorte que les proches pensent que “c’est une personne charmante, il n’aurait pas pu faire ça”.
Il peut aussi calomnier sa victime, la faire passer pour instable ou menteuse auprès de l’entourage, préparant ainsi le terrain à ce que, le jour où elle ose parler, on mette sa parole en doute. Ce mécanisme d’inversion accusatoire – où l’agresseur se pose en victime et fait passer la vraie victime pour folle, manipulatrice ou vénale – est malheureusement courant dans les systèmes narcissiques decadree.com. Le résultat est dévastateur : la personne abusée, déjà psychologiquement fragilisée, ne trouve pas l’écoute bienveillante dont elle a besoin et finit par douter d’elle-même.
Au niveau policier et judiciaire
Les institutions censées protéger deviennent parfois sources de traumatismes supplémentaires. Dans le parcours juridique, on parle de violence institutionnelle lorsque la procédure elle-même fait souffrir la victime plus qu’elle ne l’aide. Par exemple, lors du dépôt de plainte, certaines victimes de violences conjugales psychologiques rapportent avoir été accueillies avec scepticisme ou froideur par les forces de l’ordre, surtout en l’absence de preuves “visibles” (pas de blessures physiques). Des questions ou remarques déplacées – « Pourquoi n’avoir rien dit plus tôt ? », « Est-ce vraiment si grave ? » – donne à la victime l’impression d’être jugée ou de ne pas être crue, ce qui constitue une revictimisation évidente. Au cours de l’enquête ou du procès, d’autres épreuves surviennent : confrontations directes traumatisantes avec l’agresseur, interrogatoires insinuant que la victime ment ou exagère, longues procédures durant lesquelles la victime revit sans cesse les faits.
On a vu des cas où la défense de l’agresseur utilise une stratégie de discrédit : faire passer la victime pour une personne folle, vénale ou malveillante, afin de détourner l’attention des violences subies decadree.com. Ces procédés, hélas encore observés, ont conduit la Cour européenne des droits de l’homme à reconnaître la notion de victimisation secondaire et la nécessité pour les juges de protéger la dignité et l’intégrité des victimes durant les procédures village-justice.com. Dans les situations de violence psychologique, le défi est grand pour la justice : démontrer l’emprise et les abus psychologiques s’avère difficile car il faut prouver des faits intangibles. Par conséquent, les poursuites sont rares et la reconnaissance légale tardive, ce qui accroît la détresse de la victime qui a l’impression de ne pas être entendue actu-juridique.fr. Ce manque de réponse appropriée de la part du système judiciaire laisse chez la victime un sentiment d’abandon par l’institution à laquelle elle avait fait confiance.
Dans le milieu médical et thérapeutique
Les professionnels de santé et d’aide psychologique jouent un rôle capital, mais s’ils ne sont pas formés aux traumatismes, ils peuvent sans le vouloir renforcer la souffrance. Par exemple, un médecin généraliste banalise les symptômes psychiques d’une patiente en les attribuant au stress ordinaire, sans investiguer la possibilité de violences subies. De même, un psychologue non averti des dynamiques d’emprise narcissique commettra des maladresses s’il y a violence psychologique (ce qui donne un terrain supplémentaire à l’abuseur pour manipuler), ou ne pas croire le récit de la victime si l’agresseur paraît “charmant” en séance (thérapie de couple, non appropriée dans ce type de situation). Ces erreurs de prise en charge constituent une retraumatisation : la personne, cherchant de l’aide, se heurte à de l’incompréhension ou à des traitements inadéquats. Notons que même l’entourage bien intentionné commet des impairs en voulant « bien faire » : par exemple, demander à la victime à “pardonner” ou à “tourner la page” trop vite, ce qui invalide son traumatisme, est une autre forme de réaction inadaptée. Toute réaction qui manque d’écoute, de respect, de confidentialité ou de soutien réel risque d’aggraver les blessures psychologiques existantes.
Un phénomène particulièrement délétère pour les victimes de violences psychologiques
La victimisation secondaire est particulièrement néfaste pour les personnes ayant subi des violences psychologiques de la part de personnalités narcissiques ou perverses. Pourquoi ces victimes-là en souffrent-elles d’autant plus ?
D’abord, la violence psychologique elle-même est invisible et insidieuse, ce qui la rend difficile à faire reconnaître. Contrairement à une agression physique, elle ne laisse pas de marques visibles, et la société a parfois du mal à en comprendre la gravité. Ainsi, quand une victime d’abus narcissique s’exprime, elle se heurte fréquemment au scepticisme : « Tu dois exagérer, il/elle avait l’air tellement gentil·le », « Il/elle t’a dit des mots blessants, d’accord, mais ce ne sont que des mots… ». Ce doute ambiant vient valider les mensonges que l’agresseur lui a peut-être déjà mis en tête (« Personne ne te croira, tu es folle »). Le gaslighting et la manipulation subies durant des mois ou des années entament la confiance en soi de la victime et sa perception de la réalité. Si, en plus, l’entourage ou les autorités viennent confirmer les insinuations de l’abuseur (en ne la croyant pas ou en minimisant), le choc psychologique est immense. La victime ressent une véritable trahison de la part de ceux en qui elle espérait trouver du secours droitsacces.com. Ce sentiment de rejet et d’abandon vient s’ajouter au traumatisme initial de l’emprise, aggravant l’état de stress post-traumatique. En effet, nous observons que ces « blessures secondaires » aggravent les symptômes du traumatisme et même favorisent l’apparition d’un état de stress post-traumatique (ESPT) droitsacces.com.
Ensuite, dans le cas de violences commises par un pervers narcissique, il faut comprendre que l’agresseur a la plupart du temps soigneusement préparé le terrain pour discréditer sa victime. Ces personnalités manipulatrices excellent à préserver leur image sociale : charmantes en public, elles réservent la cruauté pour la sphère privée. Ainsi, au moment de la révélation, il n’est pas rare que la victime passe pour la « fausse victime » aux yeux des autres, tandis que l’abuseur joue le rôle du partenaire irréprochable ou même de la personne injustement accusée. Cette inversion des rôles plonge la victime dans un cauchemar : non seulement elle a subi la violence psychologique, mais elle voit son crédit complètement sapé par une campagne de dénigrement orchestrée par l’agresseur (mensonges sur sa santé mentale, insinuations qu’elle ment pour de l’argent ou la garde des enfants, etc.). Des termes péjoratifs comme « déséquilibrée », « manipulatrice », « hystérique » sont parfois utilisés pour la décrédibiliser. Face à ce brouillard manipulatoire, il est extrêmement éprouvant pour la victime de défendre sa vérité. Chaque regard soupçonneux, chaque question qui insinue sa responsabilité, vient réactiver la violence subie. C’est pourquoi la victimisation secondaire est vécue comme une forme de violence psychologique en soi, redoublant l’impact du traumatisme initial.
Il ne faut pas sous-estimer les conséquences : des études indiquent que les femmes ayant vécu une secondary victimization présentent davantage de détresse psychologique, de troubles anxieux ou dépressifs, et s’éloignent davantage des démarches d’aide et de soin. En clair, plus une victime se sent trahie ou blâmée après coup, moins elle aura tendance à demander de l’aide ultérieurement, par peur d’être à nouveau mal reçue. C’est un cercle vicieux que l’on doit absolument briser, car il prolonge le silence et la souffrance des victimes, et laisse le champ libre aux agresseurs.
J’observe dans ma pratique que bon nombre de patient·e·s victimes d’abuseurs narcissiques mettent du temps à consulter ou à faire confiance, précisément parce qu’elles ont vécu cette expérience traumatisante d’avoir été niées ou incomprises lors de premières tentatives de révélation. Reconnaître la réalité de la victimisation secondaire, c’est aussi comprendre que vos réactions (colère, honte, repli sur soi, hypervigilance, perte de confiance) sont des conséquences normales d’un parcours semé d’embûches, et qu’il est possible de guérir aussi de ces blessures-là avec le bon accompagnement.
Exemple clinique : du courage de parler… à la reviolence subie
Pour illustrer concrètement le phénomène, prenons l’exemple fictif (mais inspiré de faits réels) de S., 35 ans, victime de violences psychologiques de la part de son conjoint T. pendant 5 ans. T. correspond au profil du « pervers narcissique » : en privé, il insulte S., la rabaisse, la contrôle financièrement et émotionnellement, tout en lui répétant que ses souffrances sont « dans sa tête ». En public, T. se montre charmant, sociable, et personne n’imagine ce qui se passe derrière les portes closes.
Un soir, après une énième humiliation de trop, S. trouve le courage de quitter T. et de se rendre à la gendarmerie pour porter plainte. C’est une étape extrêmement difficile pour elle : elle tremble, se sent coupable tant les paroles de T. résonnent encore (« Personne ne te croira, tu es juste folle »). Malheureusement, l’accueil au commissariat va dans le sens de ses craintes. Le premier policier qui la reçoit soupire en entendant qu’il s’agit de “violences psychologiques”. Il lui lance : « Vous n’avez aucun certificat médical, pas de preuve concrète… Vous savez, les disputes de couple, ça arrive, vous êtes sûre de vouloir déposer plainte ? ». Cette remarque fait l’effet d’une douche froide à S. Elle se sent immédiatement découragée et humiliée : on semble minimiser ce qu’elle a enduré. Malgré tout, elle insiste, détaille les humiliations quotidiennes, les menaces voilées, l’isolement. Un second policier, mieux formé, finit par enregistrer sa plainte, mais prévient S. que sans preuves matérielles, le dossier aura du mal à aboutir. En repartant, loin d’être soulagée, S. se sent coupable d’avoir parlé. « À quoi bon ? Personne ne peut rien pour moi », pense-t-elle, abattue.
Dans les jours qui suivent, S. confie sa situation à sa mère et à une amie proche. Sa mère, bien que bien intentionnée, lui répond : « Tu es sûre que ce n’est pas toi qui exagère un peu ? T. a toujours été poli avec nous… Peut-être qu’il traversait une mauvaise passe ? Tu devrais lui laisser une chance, il faut dialoguer dans un couple. » Ces paroles résonnent comme une trahison aux oreilles de Sophie. Elle ne se sent pas crue, pas soutenue par sa propre famille. De son côté, l’amie écoute mais change rapidement de sujet, mal à l’aise, car T. était aussi son collègue et elle n’arrive pas à concilier l’image du « gars sympa du bureau » avec ce que raconte S. Ni sa mère ni son amie ne mesurent le courage qu’il a fallu à Sophie pour parler, ni à quel point leurs réactions maladroites lui font l’effet d’une nouvelle claque.
Comme prévu, la plainte de S. est classée sans suite quelques semaines plus tard, faute de preuves tangibles. T., ayant appris la démarche de Sophie, en profite pour se poser en victime auprès de tous leurs contacts communs. Il prétend que « S. est déséquilibrée, elle m’accuse à tort parce que je l’ai quittée ». Il va même jusqu’à contacter l’employeur de S. en insinuant qu’elle pourrait être dangereuse ou mentalement instable. S., qui doit déjà se reconstruire de cinq années de manipulation, doit maintenant affronter ces attaques sur sa réputation. Elle perd plusieurs amis communs qui choisissent de croire T. ou de rester neutres. Elle craint de tomber sur lui en ville, redoute qu’il la fasse passer pour une menteuse partout où il peut. Partout où elle espérait du soutien ou de la justice, elle a rencontré de la froideur ou de l’incompréhension.
Ce parcours du combattant plonge S. dans une profonde détresse. Elle développe des symptômes anxieux et dépressifs intenses. La nuit, elle fait des cauchemars où les policiers se moquent d’elle ou où sa famille l’accuse en justice. Le traumatisme initial (les violences psychologiques de T.) est ravivé et amplifié par cette succession d’expériences négatives. S. en vient à se demander si « tout ça n’était pas de sa faute », reprenant à son compte la narration de son agresseur. Il lui faudra du temps et un accompagnement spécialisé pour surmonter non seulement l’emprise de Marc, mais aussi les blessures laissées par l’indifférence et le blâme qu’elle a subis par la suite.
Cet exemple, hélas, n’est pas à la marge. De nombreuses victimes de violences conjugales psychologiques rapportent avoir « souffert deux fois » : une première fois aux mains de l’abuseur, et une seconde fois en tentant de chercher de l’aide.
Comment se protéger et « faire face » : prévention et accompagnement
Si vous avez été victime de violences psychologiques, il est important de savoir et de comprendre que la responsabilité de ces réactions inadéquates ne vous incombe pas. Vous n’êtes coupable de rien, et vous méritez d’être écouté·e et aidé·e sans jugement. Voici quelques pistes concrètes trouver un soutien adapté :
Choisissez avec soin les personnes à qui vous vous confiez
Tournez-vous vers des personnes et/ou des professionnels sensibilisés aux violences conjugales et au psychotrauma. Si un premier interlocuteur (policier, médecin, proche…) réagit de manière inadéquate, ne restez pas sur cet échec. Cherchez une seconde opinion auprès d’une personne mieux formée ou plus empathique. Par exemple, dans la police ou la gendarmerie, vous pouvez demander à parler à quelqu’un formé aux violences intrafamiliales – de plus en plus de services ont des référents spécialisés. De même, si un thérapeute minimise vos expériences, n’hésitez pas à en consulter un autre, spécialisé en psychotraumatologie ou en violences conjugales.
Identifiez les signaux de victimisation secondaire
Prenez conscience des red flags dans les réactions des autres : questions qui insinuent votre responsabilité (« qu’as-tu fait pour le provoquer ? »), manque de respect de votre intimité (divulgation de votre histoire sans consentement), minimisation de vos émotions (« ce n’est pas si grave, tourne la page »), ou toute attitude vous faisant sentir coupable ou incompris·e. Si vous détectez ces signaux, rappelez-vous qu’ils traduisent une méconnaissance ou un déni de la part de l’interlocuteur, pas la véracité de votre vécu. Protégez-vous émotionnellement dans ces situations : vous pouvez mettre fin à l’entretien, répondre calmement « Je préfère parler à quelqu’un qui puisse comprendre ce que je traverse », ou demander la présence d’un tiers de confiance à vos côtés.
Entourez-vous de personnes ressources et bienveillantes
Cherchez le soutien de ceux qui vous croient et vous soutiennent sans condition – que ce soit un ami de confiance, un membre de la famille empathique, ou d’autres survivant·e·s. Les groupes de parole entre victimes de violences conjugales offrent un espace de compréhension mutuelle où personne ne remettra en cause votre parole. De même, un·e psychologue spécialisé·e en psychotraumatologie pourra non seulement vous aider à guérir du traumatisme initial, mais aussi à surmonter la douleur d’avoir été invalidé·e ou trahi·e par la suite. N’hésitez pas à expliciter lors des consultations ce que vous avez vécu et à vérifier que le professionnel est formé à ces questions. Vous avez le droit de poser des questions sur sa connaissance des pervers narcissiques ou du syndrome de stress post-traumatique complexe, afin de vous assurer de recevoir un accompagnement approprié.
Informez-vous sur vos droits et les ressources disponibles
La connaissance, c’est le pouvoir. En France, les victimes de violences (y compris psychologiques) bénéficient d’un accompagnement gratuit via diverses structures. Par exemple, le numéro 3919 (Violences Femmes Info) est une ligne d’écoute et d’orientation anonyme et gratuite, spécialement dédiée aux femmes victimes de violences (qu’elles soient psychologiques, physiques, sexuelles, etc.). De même, le réseau France Victimes offre un soutien professionnel aux victimes de tout type d’infraction via le numéro national 116 006 service-public.fr. Ces services vous renseignent sur vos droits, vous aident à faire valoir votre parole auprès des institutions, vous orientent vers des associations locales compétentes. Il existe également des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), des permanences d’aide juridique et des associations spécialisées dans la lutte contre les violences conjugales. Ne restez pas isolé·e : ces ressources sont là pour vous accompagner pas à pas, que ce soit pour déposer plainte en étant soutenu·e, pour trouver un hébergement d’urgence, ou simplement pour être écouté·e et conseillé·e.
Prenez soin de vous et reconstruisez-vous à votre rythme
La victimisation secondaire érode la confiance en autrui, mais petit à petit, avec un soutien adéquat, vous pouvez la surmonter. Accordez-vous du temps pour guérir. Des approches thérapeutiques existent pour traiter le traumatisme du double traumatisme (initial + secondaire) : par exemple, l’EMDR, la thérapie des schémas, ou des groupes de résilience centrés sur les traumas relationnels.
Apprenez à reconnaître que les réactions négatives que vous avez rencontrées ne définissent pas votre valeur ni la réalité de ce que vous avez subi.
En conclusion
La victimisation secondaire est une réalité douloureuse pour de nombreuses victimes de violences psychologiques. La définir et la dénoncer est une première étape pour que chacun – proches, professionnels, institutions – prenne conscience de l’importance d’un accueil empathique et sans jugement. Si vous vous reconnaissez dans ces situations, rappelez-vous que vous n’êtes pas seul·e et que votre ressenti est légitime. Il existe des professionnels et des personnes bienveillantes prêts à vous croire et à vous aider à chaque étape. En tant que psychologue, je tiens à vous assurer que vos souffrances méritent d’être entendues et prises en charge. Guérir d’un traumatisme psychologique passe aussi par la réparation de ces injustices subies après coup.
Vous méritez d’être cru·e, vous méritez d’être aidé·e, et vous méritez de retrouver votre vie sans subir ni la violence psychologique, ni l’indifférence ou le blâme de la société. Vous avez déjà fait preuve d’un courage immense en survivant à l’abus ; il est de notre devoir collectif de vous soutenir pleinement sur le chemin de la guérison, sans jamais rajouter à vos blessures.