Mère perverse narcissique : comment s’en libérer ?
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Avant toute chose, libérez-vous de l’idée que c’est de votre faute. Vous avez sans doute tout essayé pour la satisfaire, pour obtenir son amour, sans jamais y arriver. Ce constat peut être douloureux, mais il est essentiel : le problème ne vient pas de vous. Il faut savoir que ce n’était pas votre faute. Vous n’avez jamais été responsable de son bonheur ou de son malheur. C’est elle qui vous a fait croire cela. Prenez une grande inspiration : vous méritez de comprendre ce qui vous est arrivé et de reprendre votre vie en main.
Le profil psychologique d’une mère perverse narcissique
Lorsqu’on parle de mère narcissique (ou de mère perverse narcissique), on décrit une femme présentant les traits d’un trouble de la personnalité narcissique. Cela va bien au-delà d’une simple vanité ou d’un caractère exigeant. La mère narcissique est pathologiquement centrée sur elle-même, dépourvue d’empathie réelle, et utilise ses enfants pour servir ses propres besoins émotionnels et valoriser son ego. En psychanalyse, Alice Miller a popularisé le terme d’« abus narcissique » pour décrire cette forme spécifique de violence psychologique où un parent instrumentalise son enfant afin de combler ses propres manques affectifs et d’obtenir une valorisation sociale. Dit autrement, votre mère ne vous voyait pas comme un individu à part entière, mais comme une extension d’elle-même destinée à la satisfaire.
Dans des conditions « normales », une mère fournit à l’enfant un socle de sécurité affective sur lequel il peut se construire. Selon Winnicott, les capacités de sollicitude d’une mère représentent le soutien du Moi de l’enfant . Or une mère narcissique fait exactement l’inverse : elle dynamite ce socle de sécurité. Entièrement tournée vers sa personne, seuls ses besoins comptent. Elle attend de son enfant qu’il comble ses attentes à elle, qu’il devienne le reflet flatteur de sa propre grandeur imaginaire. Elle se croit parfaite et exige une adoration sans faille, tout en restant imprévisible, arbitraire et perpétuellement insatisfaite.
Quelques caractéristiques typiques vous aideront à reconnaître ce profil psychologique : manque d’empathie, remarques blessantes incessantes, manipulation insidieuse, objectification de l’enfant, climat d’insécurité et rejet. La mère perverse narcissique est décrite comme froidement égocentrique. Elle n’hésite pas à blesser, humilier ou ignorer son enfant si cela sert son intérêt. En public, elle sauve les apparences – parfois charmeuse, elle aime passer pour une « super-maman » aux yeux des autres – mais dans l’intimité du foyer, la réalité est bien différente. Elle est tour à tour négligente (absorbée par elle-même au point d’oublier les besoins de l’enfant) et intrusivement possessive (s’immisçant dans chaque aspect de la vie de l’enfant). Par exemple, certaines mères narcissiques négligent leurs enfants lorsqu’elles se sentent accablées par les responsabilités maternelles, les critiquant ou les humiliant parce qu’elles les trouvent « trop exigeants » pour elles. D’autres au contraire pratiquent un enchevêtrement émotionnel : elles utilisent l’enfant pour combler leur vide narcissique, en faisant de lui un petit adulte sur qui elles déchargent leurs émotions et responsabilités. Dans ce second cas, la mère donne l’illusion d’être très dévouée, alors qu’en réalité elle rend l’enfant dépendant et le maintient sous son emprise.
Un aspect frappant du profil narcissique est l’incapacité à respecter les limites personnelles de l’enfant. La notion d’intimité ou de vie privée n’existe pas pour elle. Elle fouille sans vergogne dans vos affaires, lit votre journal intime, écoute vos conversations – comme si tout ce qui vous concerne lui appartenait. Elle adopte avec vous des attitudes inappropriées pour votre âge : discuter de sujets d’adulte avec un tout-petit, ou au contraire traiter un adolescent comme un confidant sur des problèmes conjugaux ou sexuels qui ne devraient pas le concerner. Cette absence de barrières peut aller très loin : on parle parfois d’inceste émotionnel lorsque la mère fusionne avec son enfant d’une manière qui brouille les rôles (par exemple, en faisant de son fils un « partenaire » de substitution, le tenant pour responsable de son bien-être et jalouse de sa future compagne). De même, une mère narcissique entrera en rivalité avec sa fille, notamment à l’adolescence : la jeune fille grandit et la mère le vit comme une menace narcissique. Elle est jalouse de l’apparence, de la jeunesse ou des succès de sa fille. Parfois, cette rivalité tourne à l’obsession : si vous étiez une fille, votre mère a peut-être critiqué durement votre corps, votre façon de vous habiller, ou dénigré vos petits amis – non par souci de vous protéger, mais parce qu’au fond, elle ne supportait pas que vous attiriez l’attention. Une mère perverse narcissique va jusqu’à tenter de séduire l’objet d’affection de sa fille pour prouver sa supériorité dans ce duel imaginaire. La jalousie maternelle est un poison redoutable : au lieu de se réjouir pour son enfant, la mère narcissique cherche à garder l’ascendant, quel qu’en soit le coût émotionnel pour l’enfant.
Il est également courant qu’une mère narcissique pratique la stratégie du « diviser pour mieux régner » au sein de la fratrie. Si vous avez des frères et sœurs, il y a fort à parier que votre mère vous a comparés sans cesse, créant une compétition artificielle entre vous. Ces mères ont la plus part du temp un « chouchou » (l’enfant « préféré » qui a ses faveurs, du moins provisoirement) et un bouc émissaire (l’enfant qu’elle critique et rabaisse systématiquement). Elles s’en défendent en général, prétendant aimer tous leurs enfants pareil, mais leurs actes prouvent le contraire. En réalité, elles entretiennent des rivalités et exacerbent les jalousies fraternelles, car cela leur permet de garder l’emprise sur la fratrie. Les enfants, mis en concurrence pour « mériter » l’amour maternel, en viennent à se disputer ses bonnes grâces, et cette division fait bien sûr les affaires de la mère qui conserve ainsi le contrôle. Vous avez pu vivre dans l’ombre d’un frère ou d’une sœur idéal·e aux yeux de votre mère, à qui tout était pardonné, tandis que vous étiez traité·e en paria – ou inversement, avoir été placé·e sur un piédestal de manière tordue et instrumentalisé contre les autres. Dans tous les cas, ce traitement inégal est source d’une profonde insécurité.
Enfin, il est important de noter que les mères perverses narcissiques sont bien incapables de remise en question. Elles ne reconnaissent pas leurs torts et rejettent toujours la faute sur l’enfant (ou sur les autres). Si vous tentez de lui faire comprendre qu’elle vous blesse, elle inversera la situation : « Tu es trop sensible… Avec tout ce que j’ai fait pour toi, comment oses-tu me reprocher quoi que ce soit ? » La discussion rationnelle est quasiment impossible, car la mère narcissique vit toute remise en cause comme une attaque intolérable à son ego. Ce manque d’empathie et d’autoréflexion la rend incapable d’un amour parental authentique. Son amour est conditionnel : il n’est donné que si vous obéissez, si vous jouez le rôle qu’elle attend de vous. Le jour où vous affirmez votre individualité d’une manière qui lui déplaît, le masque tombe et c’est la punition, la froideur ou la rage qui surgissent.
Les principales techniques de manipulation utilisées par une mère perverse narcissique
Une mère narcissique ne recule devant rien pour préserver son emprise. Au fil du temps, elle a probablement utilisé de nombreuses techniques de manipulation pour vous contrôler. En prendre conscience vous aidera à déjouer ces mécanismes. Voici les plus fréquents :
Le chantage affectif et la culpabilisation
C’est son arme privilégiée. Elle sait exactement appuyer où ça fait mal pour vous faire plier. Par exemple, si vous prenez une décision qui lui déplaît (choisir une filière d’études, une relation amoureuse, ou simplement sortir avec des amis), elle va insinuer que vous la faites souffrir. « Après tout ce que j’ai sacrifié pour toi, c’est comme ça que tu me remercies ? » Vous entendez ce sous-texte depuis l’enfance : « si tu ne fais pas ce que je veux, tu es un mauvais enfant, tu me brises le cœur. » Une mère toxique se pose en victime martyr pour vous faire culpabiliser. Elle dramatise sa détresse (pleurer à chaudes larmes, menacer de tomber malade, voire de se faire du mal) afin de vous faire céder. Vous êtes conditionné·e à vous sentir responsable de son bien-être. Ce mécanisme a probablement façonné votre personnalité : vous avez appris à vous effacer pour ne pas contrarier votre mère. La manipulation par la culpabilité est si puissante que même une fois adulte, votre angoisse est viscérale à l’idée de lui dire « non ». Sachez que c’est une stratégie volontaire de sa part, ancrée depuis votre enfance : par des accès de colère, de tristesse feinte, de honte ou d’apitoiement sur elle-même, elle vous a inculqué que ses désirs à elle passent toujours en premier.
Le gaslighting (dénégation de la réalité)
Il s’agit d’une forme de manipulation mentale particulièrement toxique. La mère pratiquant le gaslighting vous fait douter de vos perceptions et de votre mémoire. Par exemple, après vous avoir humilié·e, elle niera les faits : « Je n’ai jamais dit ça, tu inventes ! » ou « Arrête d’en faire trop, ce n’était qu’une plaisanterie, tu n’as vraiment aucun humour. » Elle réécrira l’histoire : « Mais non, je ne t’ai pas puni·e pour ça, c’est toi qui… » – inversant les rôles pour se présenter en mère parfaite incomprise par son enfant ingrat. À force, vous perdez confiance en votre propre esprit. Enfant, vous pouviez vous demander si vous étiez fou/folle ou si vous aviez imaginé la maltraitance. Le gaslighting engendre une immense confusion dans l’esprit de la victime. Jean-Charles Bouchoux, spécialiste des pervers narcissiques, explique que le narcissique plonge son entourage dans un non-sens total : ses paroles et ses actes n’ont aucune cohérence, mais nous nous épuisons à essayer de « donner du sens là où il n’y en a pas », jusqu’à en perdre la raison goodreads.com. Cette confusion volontaire vous fait vivre sous emprise, car tant que vous doutez de vous, vous êtes plus facile à contrôler.
La critique incessante et la dévalorisation
Rien de ce que vous faites n’est jamais assez bien. Une mère narcissique vous renvoie une image d’insuffisance. Que vous obteniez 12/20 ou 18/20, elle vous reprochera de ne pas avoir eu 20. Si vous excellez dans un domaine, elle trouvera un autre domaine où « vraiment, tu pourrais faire un effort ». Ce perfectionnisme à sens unique n’a rien d’encourageant, il vise à vous rabaisser. L’éloge n’existe pas (ou il est extrêmement rare et conditionnel). Peut-être avez-vous grandi avec un sentiment d’indignité profonde, pensant « je ne serai jamais à la hauteur ». Cette voix intérieure, c’est la sienne. Elle a semé en vous le doute permanent et le dénigrement de soi. Souvent, ces mères critiquent aussi violemment des traits de personnalité chez vous qui sont en fait les leurs : c’est le mécanisme de la projection. Par exemple, une mère égocentrique vous accusera d’être « égoïste » au moindre signe d’affirmation de soi de votre part. Elle projette sur vous ses propres défauts et vous en punit.
L’amour conditionnel et le double visage
Pour mieux vous contrôler, la mère toxique sait souffler le chaud et le froid. Parfois, elle se montre gentille et aimante, vous couvrant de compliments ou de cadeaux – surtout devant les autres, ou après une grosse dispute pour vous calmer. Ces moments heureux entretiennent votre espoir d’être aimé·e « comme il faut » si vous faites tout bien. Mais ce n’est qu’un mirage : dès que vous déviez de la ligne qu’elle a fixée, son comportement redevient cruel. Cette alternance d’attention et de rejet construit un lien de dépendance : vous en venez à quémander les instants de grâce, prêt·e à tout pour éviter de déplaire. En psychologie, on compare cela à l’attachement traumatique ou au syndrome de Stockholm : la victime devient attachée à son bourreau parce que celui-ci est aussi la seule source de réconfort intermittente. Une mère narcissique peut donc vous « faire des câlins » un jour et vous traiter de bon à rien le lendemain, sans explication. Ce double visage vous garde sous contrôle, car vous êtes toujours en quête de retrouver la « bonne maman » et d’éviter la « méchante maman ».
La triangulation et le sabotage relationnel
Nous avons évoqué comment elle dresse les enfants les uns contre les autres. Elle vous monte aussi contre d’autres personnes (votre père, vos amis, etc.). Par exemple, si vous vous entendez bien avec un membre de la famille, elle s’arrangera pour semer la discorde ou médire de cette personne, afin de rester votre seul point d’attache. Une mère narcissique déteste tout ce qui pourrait vous soustraire à son contrôle, notamment vos relations extérieures. Elle critiquera vos ami·e·s (« Ils profitent de toi, ils ne t’arrivent pas à la cheville »), vos partenaires amoureux (« Il/elle n’est pas fait·e pour toi, tu mérites mieux » ou au contraire « Une fille/un garçon bien ne voudrait pas de toi »), voire votre autre parent (« Si je suis dure avec toi, c’est à cause de ton père/ta mère qui m’y oblige… »). Cette stratégie de division isole l’enfant, qui ne sait plus à qui faire confiance en dehors de la mère – exactement le but recherché. Adulte, elle continue de s’immiscer dans vos choix de vie, cherchant à contrôler vos amitiés, vos amours, votre carrière par des avis non sollicités, des critiques ou des manipulations indirectes.
Le refus de vous voir grandir (sabotage de l’autonomie)
Une mère narcissique perçoit l’indépendance de l’enfant comme une trahison. Si vous tentez de vous affirmer adolescent, elle renforcera sa coercition. Elle sabotera vos projets (ne pas vous aider pour vos études, vous décourager de passer votre permis de conduire ou de trouver un travail) car vous émanciper la rend folle d’angoisse et de rage. Elle veut vous garder sous cloche. Certaines vont jusqu’à infantiliser leur enfant adulte, feignant qu’il/elle est incapable de se débrouiller sans elle. D’autres font exactement l’inverse quand l’enfant est petit : elles exigent qu’il se comporte en adulte très tôt (« sois un homme, ne pleure pas comme un bébé » – adressé à un petit garçon de 5 ans par exemple), afin qu’il réponde à leurs besoins. Dans tous les cas, ses demandes ne respectent pas votre rythme naturel de développement. Soit elle vous exhibe comme un prodige, soit elle freine votre essor pour ne pas perdre le contrôle.
Le silence punitif
C’est une autre technique classique de manipulation. Suite à un conflit ou si vous l’avez contrariée, votre mère a peut-être usé du mutisme comme arme. Du jour au lendemain, elle fait comme si vous n’existiez plus, refusant de vous parler ou de vous regarder, parfois pendant des jours. Ce traitement du silence vous plonge dans l’angoisse : un enfant a besoin de l’attention de sa mère pour survivre, être soudain ignoré équivaut à une mort symbolique. Vous appreniez alors à vite demander pardon (même si vous n’aviez rien fait), juste pour qu’elle daigne vous reparler. Le silence glacial et imprévisible est une punition qui vous rendait fou/folle de détresse intérieure, sans blessure visible de l’extérieur.
Toutes ces techniques (et la liste n’est pas exhaustive) sont utilisées de façon à vous priver de repères et à prendre l’ascendant psychologique. En subissant cela depuis l’enfance, vous avez été conditionné·e dans un rôle de victime docile. C’est un conditionnement profond, mais non irréversible : mettre des mots dessus est déjà un premier pas pour s’en libérer.
Mère exigeante ou mère perverse narcissique ? – Grille de lecture pour les distinguer
Il n’est pas toujours facile de faire la part des choses entre une mère simplement autoritaire/exigeante et une mère perversement narcissique. Vous pourriez vous dire : « Ma mère a certes un sale caractère, mais est-ce que ça fait d’elle une perverse narcissique ? » Il est légitime d’hésiter à coller cette étiquette extrême sur sa propre mère. Après tout, personne n’est parfait, et de nombreuses mères, sans être narcissiques pathologiques, se montrent dures ou critiques par moments. Voici quelques critères concrets pour y voir plus clair. Si vous reconnaissez votre mère dans la majorité de ces points, il est probable qu’elle dépasse la simple sévérité pour entrer dans le registre toxique pervers :
Empathie vs. indifférence aux émotions
Une mère exigeante a du mal à montrer son affection, mais au fond d’elle, elle aime son enfant et est empathique (même si elle l’exprime maladroitement). Une mère perverse narcissique, en revanche, ne tient aucun compte des émotions de l’enfant. Votre tristesse, votre douleur ne la touchent pas – sauf si cela sert ses desseins. Par exemple, une mère « strictement exigeante » sera fâchée contre vous pour une bêtise, mais si elle vous voit réellement souffrir ou malade, son inquiétude maternelle prendra le dessus. La mère narcissique, elle, reste centrée sur son propre ressenti : votre souffrance à vous n’existe pas ou elle la minimise (« arrête de pleurnicher »). Un manque total d’empathie et de chaleur maternelle est un signe alarmant copes.fr.
Frontière du respect
Une mère simplement sévère respecte généralement certaines limites. Elle ne vous humilie pas en public, par exemple, même si elle peut vous gronder en privé. Elle ne va pas délibérément violer votre intimité sans une raison éducative (lire votre journal intime par curiosité maladive est hors de propos pour une mère saine, tandis qu’une mère inquiète pourra fouiller si elle craint un danger pour vous, nuance importante). La mère narcissique, elle, ne reconnaît pas vos droits en tant qu’individu distinct. Elle se sent en droit d’envahir votre espace (physique et psychique) en permanence. Elle ne voit pas où est le mal à vous rabaisser devant d’autres, à révéler vos secrets, ou à se mêler de vos affaires personnelles. Le manque de respect fondamental vis-à-vis de l’enfant est caractéristique de la perversion narcissique.
Contrôle total vs discipline
Une mère exigeante impose une discipline stricte (horaires, études, politesse, etc.), mais avec l’intention (maladroite ou pas) de vous préparer à la vie. Autrement dit, son contrôle a une finalité éducative, même si c’est pesant. La mère perverse narcissique cherche surtout à assouvir son besoin de contrôle pour elle-même. Ce n’est pas tant votre bien qu’elle vise, mais son pouvoir. Le contrôle devient totalitaire : choix des amis, des loisirs, des vêtements, orientation de vie – tout doit passer par elle. Et plutôt que de vous encourager vers l’autonomie, elle vous maintient dans la dépendance. Une mère « strict mais aimante » se réjouit (avec nostalgie éventuellement) de vous voir grandir et gagner en indépendance, là où une mère narcissique vivra cela comme une perte insupportable et redoublera de contrôle ou de punitions pour briser vos ailes.
Critique constructive vs destruction de l’estime de soi
Une mère peut être exigeante et parfois vous critiquer sévèrement (« Tu aurais pu mieux faire », « Ton comportement est inacceptable ») mais aussi reconnaître vos qualités à d’autres moments. Elle veut que vous fassiez mieux, mais elle sait au fond que vous pouvez mieux faire, et elle sera fière de vous lorsque vous atteindrez vos objectifs. La mère narcissique, elle, détruit systématiquement la confiance en soi. Elle ne veut pas vraiment que vous vous amélioriez : elle veut que vous ne vous sentiez jamais assez bien. Même quand vous excellez, elle trouvera un moyen de vous rabaisser ou de détourner le mérite. Par exemple, vous obtenez un diplôme ? Une mère « normale » vous félicitera (peut-être en ajoutant « je savais que tu pouvais y arriver ») alors qu’une mère narcissique pourrait dire « Bon, ce n’est qu’un master, il y en a plein qui l’ont de nos jours… » ou « Tu as réussi parce que j’étais derrière toi, sinon… ». L’incapacité chronique à valoriser l’enfant et la propension à saboter toute réussite (par jalousie ou besoin de garder l’ascendant) différencient clairement la mère toxique. Une mère saine, même très exigeante, finit par être heureuse du succès de son enfant; la mère narcissique non, ou alors seulement si elle peut s’en attribuer le crédit.
Amour conditionnel vs amour malgré tout
C’est sans doute le critère central. Une mère « difficile » aura du mal à exprimer son amour, elle est maladroite ou froide, mais elle aime son enfant quoi qu’il arrive. Son affection ne disparaît pas lorsque l’enfant la déçoit. Alors qu’une mère narcissique retire « son amour » dès que l’enfant sort du rang. L’enfant apprend que l’amour maternel doit se mériter en permanence. Si vous avez vécu dans la peur de perdre l’amour de votre mère à la moindre erreur, c’est un signe fort de perversion narcissique. Par exemple, une mère saine, même fâchée, ne laissera pas son enfant douter qu’elle l’aime. Une mère narcissique dira ou fera sentir : « Je ne t’aime plus quand tu es comme ça. Tu n’es plus ma fille/mon fils. »
Rôle inversé (parentification)
Un dernier critère est de savoir qui « prenait soin » de qui. Même si la mère est exigeante, c’est l’adulte qui prend soin de l’enfant. Dans un schéma pervers, la mère narcissique inverse les rôles : c’est vous qui deviez la consoler, l’écouter, la valoriser. Vos besoins passaient après les siens. On parle de parentification de l’enfant (l’enfant joue le rôle du parent auprès d’un parent immature). Une mère très stricte reste l’adulte responsable. Tandis qu’une mère narcissique refuse d’assumer ses responsabilités de mère et fait sentir à l’enfant qu’il/elle « la dérange », que s’occuper d’un enfant est une corvée dont elle se passerait bien. Certaines vont jusqu’à reprocher à leurs enfants d’être nés (« Avec tout ce que tu me fais endurer… »). Ce degré de rejet indique un dysfonctionnement profond. Si votre mère vous a fait sentir que vous étiez un poids dans sa vie, tout en vous maintenant paradoxalement sous sa coupe pour ses besoins à elle, le tableau dépasse largement celui d’une mère juste exigeante.
En somme, la différence tient à la motivation profonde et à la constance des abus. Une mère simplement exigeante aura des accès de colère ou des paroles dures, mais il y a aussi de l’amour et du souci de votre bien. Une mère perverse narcissique, elle, suit un schéma égoïste et destructeur quasiment invariable : ce qui compte, c’est elle, pas vous. Et elle ne cesse d’user de stratagèmes pour asseoir son emprise, sans jamais se remettre en question. Si cette description correspond à votre vécu, il est important de le reconnaître : vous avez probablement été victime d’une mère narcissique. Ce n’est pas un jugement moral sur elle (souvent, ces mères ont elles-mêmes des blessures profondes à l’origine de leur comportement), mais un constat nécessaire pour la suite de votre cheminement.
Conséquences sur l’enfant d’une mère perverse narcissique : atteintes psychiques, affectives, identitaires et neurobiologiques
Grandir sous l’emprise d’une mère narcissique laisse inévitablement des traces profondes en vous. L’enfance est la période où se forment la personnalité, l’équilibre affectif, la vision de soi… Or, dans un climat toxique, le développement de l’enfant est entravé, biaisé, parfois brisé. Regardons les conséquences possibles sur différents plans : psychique (santé mentale), affectif (émotions et attachement), identitaire (construction du soi), ainsi que neurobiologique (empreinte du stress sur le cerveau).
Sur le plan psychique
L’enfant soumis à de la maltraitance narcissique peut développer très tôt de l’anxiété, une dépression ou autres troubles. Vivre dans la peur de mécontenter sa mère génère un état de stress chronique. L’enfant souffrira de troubles du sommeil, de cauchemars, de troubles de la concentration (l’école peut en pâtir). Il apprend aussi des mécanismes de survie psychiques : il peut se dissocier (c’est-à-dire « s’échapper » mentalement pendant les abus, comme s’il n’était plus là), ou au contraire être en hypervigilance permanente (toujours sur le qui-vive). Certains enfants deviennent agressifs ou colériques à l’extérieur, reproduisant la violence subie ; d’autres sont au contraire inhibés et craintifs. L’enfant intériorise l’idée qu’« il y a quelque chose qui cloche chez moi ». La honte toxique inculquée par la mère (« tu es nul·le, indigne… ») est facteur d’une basse estime de soi pathologique dès l’enfance. L’enfant montre des symptômes de stress post-traumatique : reviviscences des scènes de violences verbales, sursauts, évitement de certains sujets ou personnes rappelant la mère. La psychiatre Judith Herman a introduit la notion de traumatisme complexe pour décrire les séquelles chez ceux qui, comme l’enfant de parent narcissique, subissent un traumatisme répété et prolongé dans le temps. Ces enfants-là ne présentent pas forcément un seul gros choc traumatique visible, mais l’érosion quotidienne de leur bien-être les affecte durablement. Ils peuvent développer un véritable syndrome de stress post-traumatique complexe (C-PTSD) avec, par exemple, des troubles de l’humeur, une hypervigilance, des flashbacks émotionnels (ressentir soudain la peur ou la détresse de l’enfant qu’ils étaient dans des situations qui ne le justifient pas objectivement).
Sur le plan affectif
L’enfant d’une mère narcissique grandit dans une insécurité affective. Cela entrave sa capacité à réguler ses émotions et à établir un attachement sécure. Au lieu d’apprendre la confiance et la compréhension de ses besoins, il apprend la peur, la confusion et la répression de ses sentiments. Un enfant a normalement besoin qu’on l’aide à nommer ce qu’il ressent (« Je vois que tu es triste, parlons-en… »). Ici, au contraire, ses émotions sont niées ou punies. Par exemple, si vous pleuriez, on vous traitait de bébé, si vous exprimiez de la colère (légitime face à une injustice), vous étiez insolent et sanctionné. Très tôt, l’enfant comprend qu’il vaut mieux taire ce qu’il ressent. À la longue, il risque de ne plus savoir identifier ses propres émotions. Devenu adulte, il peinera à reconnaître s’il est en colère, triste ou anxieux, tant il a enfoui ces affects pour survivre. Nous parlons de dissociation émotionnelle ou d’alexithymie (difficulté à identifier et exprimer ses émotions) comme conséquences possibles. En outre, l’enfant n’apprend pas l’empathie saine (puisque sa mère n’en montre pas envers lui). Il peut soit reproduire ce manque d’empathie (en anesthésiant ses émotions, il anesthésie aussi celles envers autrui), soit à l’inverse devenir hyper-empathique, car il a passé sa vie à scanner les humeurs de sa mère pour éviter le danger. Dans les deux cas, ses relations affectives futures seront compliquées (nous y reviendrons pour l’adulte). Parfois, l’enfant développe un attachement désorganisé : il aime sa mère (car un enfant aime naturellement son parent, même abusif) et la craint tout à la fois. Cette double contrainte est associée à beaucoup d’angoisse : l’enfant n’a personne vers qui se tourner pour être rassuré (puisque la figure censée le rassurer est la source de la peur).
Sur le plan identitaire
L’enfant n’a pas la liberté de construire son propre « Moi » en tant qu’individu. Sa mère le façonne selon ses besoins à elle, niant sa personnalité propre. Si vous avez vécu cela, vous avez sans doute la sensation d’avoir été volé·e de vous-même. Nous parlons d’un véritable « rapt d’identité ». Tout ce qui émanait de vous (vos goûts, vos opinions, vos émotions) était rejeté d’emblée comme illégitime. Vous avez dû vous conformer en tout point aux désirs maternels pour obtenir une acceptation conditionnelle. Conséquence : en grandissant, vous ne savez peut-être plus qui vous êtes vraiment. Vos choix d’orientation, vos hobbies, voire vos amitiés ont pu être dictés par elle. Il n’y avait pas de place pour explorer votre identité personnelle en sécurité. Certains enfants alors, surtout à l’adolescence, se révolter violemment (pour exister, ils brisent toutes les règles – mais souvent à leur détriment) ou au contraire à se suradapter totalement (devenir l’enfant parfait selon les vœux de la mère, en refoulant ses propres aspirations). Dans un cas comme dans l’autre, le « vrai soi » de l’enfant est étouffé. Alice Miller décrit comment l’enfant renonce à exprimer sa propre détresse et à construire un “faux-self” pour satisfaire ses parents regardconscient.net. Ce faux-self est un masque qu’il porte (inconsciemment) pour correspondre à l’enfant que la mère veut. En profondeur, cela relève d’un sentiment d’aliénation : l’enfant se sent étranger à lui-même, n’ayant jamais pu être authentique sans craindre le rejet. Cette fracture identitaire perdure si elle n’est pas adressée en psychothérapie à l’âge adulte.
Sur le plan neurobiologique
Enfin, les recherches montrent des conséquences neurobiologiques des traumatismes répétés dans l’enfance. Un enfant élevé dans la peur et l’humiliation subit un stress chronique qui modifie en partie le développement de son cerveau en pleine croissance. Par exemple, des études d’imagerie cérébrale ont constaté que l’hippocampe (une zone du cerveau impliquée dans la mémoire et la régulation émotionnelle) est peut être plus petit chez les jeunes adultes ayant été maltraités dans l’enfance, comparativement aux personnes n’ayant pas souffert de tels abus pediatre-online.fr. Cette particularité neurobiologique est en lien avec les taux élevés de cortisol (hormone du stress) durant l’enfance : le stress prolongé inhibe la neurogenèse (formation de nouveaux neurones) dans l’hippocampe et endommage les circuits neuronaux impliqués dans la gestion des émotions pediatre-online.fr. Concrètement, cela explique en partie pourquoi les victimes d’abus dans l’enfance ont un risque plus important de troubles de l’humeur, d’anxiété, voire de troubles de la personnalité à l’âge adulte pediatre-online.fr. Bien sûr, chaque individu est différent et ces effets varient, mais la traçabilité biologique du trauma est bien réelle. En plus de l’hippocampe, on observe aussi une hyperactivité de l’amygdale (le « centre de la peur » dans le cerveau), la personne est dans un état d’alerte disproportionné même quand le danger n’est plus là. Il ne s’agit pas de vous effrayer davantage, mais de vous faire comprendre que votre cerveau lui-même a subi l’empreinte de cette enfance douloureuse. La bonne nouvelle, c’est que le cerveau est plastique : avec du soin et du temps, il se répare en partie (des études montrent que la psychothérapie, l’entourage sécurisant, etc., aident à normaliser le fonctionnement cérébral). N’empêche, il est important de prendre la pleine mesure de l’impact de ces violences invisibles : ce ne sont pas « que des mots » ou « que du psychologique » – elles laissent des cicatrices profondes, y compris physiques, dans le corps et le cerveau de l’enfant.
Les répercussions à l’âge adulte d’une mère perverse narcissique : quand l’enfance volée vous poursuit
L’enfant grandit… et devient adulte, peut-être avec la conviction naïve que « tout cela est derrière soi ». Malheureusement, sans travail de réparation, les blessures de l’enfance continuent de saigner à l’âge adulte. Vous avez peut-être entre 20 et 40 ans (ou plus), et vous réalisez que beaucoup de vos difficultés actuelles trouvent leur racine dans cette relation maternelle toxique. Quelles sont les répercussions possibles sur l’adulte que vous êtes devenu ?
Une faible estime de soi chronique
C’est presque un invariant. Après avoir été rabaissé, comparé, jamais valorisé pendant des années, l’adulte que vous êtes se sent au fond de lui « pas assez bien ». Même si rationnellement vous savez que vous avez des qualités, une petite voix intérieure (intériorisation de la voix maternelle critique) vous murmure le contraire. Vous doutez de votre valeur. Vous avez tendance à vous déprécier, voire à saboter vos réussites. Par exemple, réussir un projet professionnel pourrait vous déclencher de l’angoisse ou un sentiment d’imposture : « Je ne mérite pas vraiment, ça doit être un coup de chance… » Ce genre de complexe d’infériorité est typique des enfants de narcissiques, qui interprètent tout succès futur des autres comme de la chance qui, à eux, serait refusée. Vous avez grandi en pensant que vous ne méritiez jamais rien de bon, alors quand le bon arrive, vous avez du mal à l’accepter. Cette faible estime de soi s’accompagne de troubles dépressifs ou anxieux : beaucoup de victimes souffrent de dépression latente, de crises d’angoisse, ou d’un mal-être diffus qui les poursuit. Elles peuvent aussi présenter des conduites d’auto-sabotage (échecs répétés dans les études ou le travail, choix de partenaires dévalorisants, etc.) en droite ligne avec l’image négative qu’elles ont d’elles-mêmes. À l’extrême, certaines développent des conduites addictives ou des idées suicidaires, ne voyant pas comment sortir de ce sentiment d’incomplétude. Soyez conscient que ces penchants sombres ne sont pas un hasard : ils découlent d’années de démolition psychologique. En somme, vous n’avez jamais appris à vous aimer. Au contraire, on vous a appris à ne pas vous aimer. Ceci peut être réparé, mais le reconnaître est le premier pas.
Des difficultés à réguler vos émotions et à identifier vos besoins
Comme on l’a vu, l’enfance sous emprise vous a coupé de vos émotions et de vos besoins propres. Ainsi, adulte, vous éprouvez des difficultés à savoir ce que vous voulez vraiment. Beaucoup d’anciens enfants de narcissiques disent ressentir un grand vide intérieur, un sentiment de n’avoir aucune personnalité définie. On leur demande leurs goûts, leurs envies : ils n’en savent rien, ou répondent en fonction de ce qu’ils pensent qu’on attend d’eux. Cette tendance à s’effacer au profit des autres est très fréquente. Vous avez appris à satisfaire autrui (notamment la figure autoritaire) avant de penser à vous. Du coup, dans la vie professionnelle ou personnelle, vous pouvez avoir du mal à prendre des décisions pour vous-même, ou à exprimer des préférences. La peur de déplaire, apprise enfant, est encore là. De plus, vous pouvez être en proie à des émotions intenses et contradictoires sans savoir d’où elles viennent. Par exemple, une critique de votre supérieur hiérarchique et vous vous effondrez bien au-delà du raisonnable : en réalité, c’est l’enfant en vous qui revit le jugement maternel. Ces « régressions émotionnelles » sont courantes : on les appelle parfois flashbacks émotionnels en contexte de trauma complexe. À l’inverse, vous pouvez aussi vous sentir engourdi émotionnellement, dans une sorte de détachement. Peut-être a-t-on déjà dit de vous que vous étiez « froid·e » ou insensible, alors qu’en réalité c’est un mécanisme de protection (vous avez appris à ne rien laisser paraître). En somme, l’équilibre émotionnel est précaire : soit l’émotion vous submerge sans contrôle, soit elle vous échappe complètement. Difficile dans ces conditions d’avoir des relations interpersonnelles stables (car soit vous êtes perçu comme distant, soit au contraire comme trop intense affectivement). Vous alternez des phases de grand besoin affectif et des phases de repli solitaire (reproduisant ainsi le chaud-froid maternel inconsciemment).
Des difficultés à poser des limites et à dire non
Un enfant de parent narcissique n’a jamais eu le droit d’avoir des limites personnelles. On ne lui a pas permis de dire « stop ». En devenant adulte, il est fréquent que vous ayez énormément de mal à affirmer vos limites dans tous les domaines. Vous êtes ce collègue ou cet ami sur qui on se repose tout le temps parce que vous ne savez pas dire non, même quand vous êtes épuisé·e. Vous pouvez vous surcharger de travail ou de services rendus aux autres, par peur de décevoir. Dans vos relations intimes, il se peut que vous tolériez des choses qui vous blessent sans oser protester, de crainte d’être abandonné·e. Cette incapacité à poser un cadre (assertivité insuffisante) fait de vous une cible idéale pour les personnalités toxiques. Les abuseurs repèrent ceux/celles qui ne savent pas mettre de limites. C’est comme si une partie de vous avait été programmée pour obéir et endurer, sans faire de vagues – une aubaine pour les manipulateurs. Nous aborderons plus loin comment réapprendre à poser des limites, car c’est un enjeu majeur de votre reconstruction.
La tendance à reproduire des schémas toxiques (relations amoureuses ou amicales) :
Ce point est douloureux, mais important à reconnaître pour briser le cycle. Nombre d’adultes ayant eu un parent narcissique « tombent » dans des relations amoureuses ou amicales tout aussi toxiques. Pourquoi ? Il y a plusieurs explications.
D’une part, nous sommes inconsciemment attirés vers ce qui nous est familier. Si votre modèle d’attachement est basé sur la maltraitance et l’instabilité, paradoxalement, vous vous sentez « chez vous » aux côtés de quelqu’un qui reproduit ce schéma (un partenaire dominateur, égocentrique, qui vous fait vous sentir « pas assez bien » comme votre mère le faisait). Cela se passe en grande partie à un niveau inconscient. Vous ne vous dites pas « tiens, je veux un conjoint qui me maltraite », bien sûr ! Mais il y a des dynamiques subtiles : face à une personne saine, qui vous respecte, vous pourriez au début vous sentir méfiant ou mal à l’aise (car vous n’avez jamais connu une relation saine, cela vous paraît presque suspect ou ennuyeux). À l’inverse, face à un individu narcissique ou abusif, vous allez sans le vouloir retomber dans vos automatismes de victime (vouloir plaire, s’adapter, excuser l’inexcusable) – ce qui va le conforter, et vous replonger dans une situation semblable à votre enfance. D’autre part, il y a la question de l’estime de soi : si au fond de vous, vous pensez ne mériter ni respect ni amour, vous risquez d’accepter des partenaires qui confirment cette croyance en vous traitant mal. C’est tragique, mais fréquent. Ainsi, une femme ayant eu une mère narcissique se mettra en couple avec un pervers narcissique masculin : elle rejouera, sans s’en rendre compte, la relation destructrice qu’elle connaît depuis toujours. Un homme ayant eu ce type de mère pourra chercher inconsciemment chez sa compagne le même mélange d’amour conditionnel et de critiques qu’il a connu, ou bien devenir lui-même très soumis à ses amis ou collègues abusifs. En résumé, le risque d’attirer ou d’être attiré par des relations toxiques est élevé – tant que vous n’avez pas guéri vos blessures. Il faut briser ce schéma, sinon la maltraitance continue sous d’autres formes (c’est votre conjoint qui prend la relève de votre mère, en quelque sorte). À noter : certains, à l’inverse, évite toute relation intime par peur de revivre l’abus. Cela aussi est un impact négatif : l’isolement et la difficulté à faire confiance privent de soutien affectif.
Un état de dépendance affective ou de codépendance
La « codépendance » désigne le fait d’organiser sa vie autour d’une personne toxique en essayant de la sauver ou de la satisfaire tout le temps, au détriment de soi. Beaucoup d’enfants de narcissiques deviennent des codépendants à l’âge adulte. C’est logique : vous avez appris à exister par et pour l’autre (votre mère), donc vous continuez sur ce mode. Vous pourriez, par exemple, toujours chercher à vous faire « adopter » par une figure autoritaire pour retrouver ce schéma connu (que ce soit un patron autoritaire, un ami dominateur, etc.). La culture self-help souligne que les victimes de parents narcissiques luttent avec des problèmes de codépendance à l’âge adulte. On veut sauver l’autre, on n’a pas de limites, on absorbe les problèmes de l’autre – et on s’oublie. Cette tendance vous expose à des personnes narcissiques, car elles adorent les codépendants (qui leur donnent tout sans rien demander). Par ailleurs, vous pouvez aussi avoir un besoin exagéré d’approbation et de validation. Ne l’ayant jamais reçue de votre mère, vous la cherchez partout. Vous êtes avide de compliments, ou au contraire très sensible à la critique (vous dépendez du regard d’autrui pour vous évaluer, ayant perdu confiance en votre propre jugement). Un tel état de dépendance affective perpétue le pouvoir des personnalités toxiques sur vous. Judith Herman note d’ailleurs ce paradoxe : le traumatisme prolongé accroît le besoin de protection chez la victime, mais sabote sa capacité à faire confiance en autrui, l’entraînant dans un cercle vicieux de solitude et de dépendance confuse.
Naturellement, chaque personne aura un vécu spécifique. Tous les enfants de mères narcissiques ne développent pas tous ces problèmes à l’identique. Néanmoins, si vous vous reconnaissez dans beaucoup de ces descriptions, il est important de comprendre que ces difficultés ne sont pas le fruit d’une « faiblesse » de votre part, mais bien la conséquence directe de l’abus que vous avez subi. Votre cerveau, votre cœur ont été « programmés » dans la peur et la soumission ; il est possible, avec du travail, de reprogrammer beaucoup de ces réflexes, de guérir ces blessures et de vous épanouir pleinement.
Les conséquences transgénérationnelles – mère perverse narcissique : schémas qui se transmettent ou se répètent
On parle de trauma transgénérationnel ou de répétition des schémas lorsqu’un traumatisme subi par une génération se répercute sur les suivantes. Dans le cas des mères perverses narcissiques, la question se pose à deux niveaux : d’abord, qu’est-ce qui a fait qu’elles-mêmes sont devenues ainsi ? Ensuite, comment empêcher que votre souffrance impacte la génération suivante (vos propres enfants, si vous en avez ou projetez d’en avoir) ?
Il est fréquent que les personnalités narcissiques pathologiques soient elles-mêmes issues d’une histoire de manque affectif ou de maltraitance. Sans excuser leurs actes, on trouve, dans leur enfance à elles, un terreau de blessures. Alice Miller a montré que « les parents qui n’ont pas connu l’amour lorsqu’ils étaient enfants vont chercher toute leur vie ce que leurs parents ne leur ont pas donné, notamment auprès de leurs enfants qu’ils peuvent utiliser comme des parents de substitution » regardconscient.net. Cette phrase résume tristement bien le cycle : votre grand-mère (ou grand-père) a peut-être été froide, abusive ou absente avec votre mère. En grandissant, votre mère s’est construite avec un vide, un désespoir inconscient, qu’elle a tenté de combler en vous faisant jouer le rôle de la mère pour elle – rôle que vous ne pouviez évidemment pas remplir adéquatement. Ainsi se crée un schéma de reproduction de la violence subie regardconscient.net. Attention, ce n’est pas automatique : toutes les personnes maltraitées ne deviennent pas narcissiques ou maltraitantes à leur tour (certaines, au contraire, développent une empathie extrême et luttent toute leur vie pour ne pas reproduire ce qu’elles ont vécu). Mais sans prise de conscience, le risque de répétition est élevé. Un parent qui n’a pas guéri ses blessures d’enfance risque, malgré lui, de les faire porter à ses enfants – c’est vrai pour le narcissisme comme pour d’autres schémas.
Dans le cas de votre mère, il se peut donc qu’elle ait été, en quelque sorte, la victime d’hier devenue le bourreau d’aujourd’hui. Comprendre cela apporte un éclairage. Cependant, cela n’enlève rien à la gravité de ce que vous, vous avez subi. On peut reconnaître qu’un bourreau a lui-même été une victime sans minimiser les conséquences pour ses propres victimes. Il est possible aussi briser la chaîne à son niveau. En lisant cet article, vous posez un acte fort : vous cherchez à ne plus être complice involontaire de la transmission de ces schémas toxiques.
Si vous avez des enfants ou envisagez d’en avoir, il est naturel d’avoir peur de reproduire ce que vous avez connu. Beaucoup de survivants se font la promesse : « Je ne serai jamais comme ma mère ». C’est une bonne intention, mais attention à ne pas tomber dans l’excès inverse non plus (par exemple, tout permettre à son enfant par réaction à une éducation stricte, ce qui peut aussi être délétère). Pour éviter la répétition, le maître mot est la conscience. Alice Miller disait que la véritable révolution pour un parent qui a souffert, c’est d’accepter de regarder son propre passé en face regardconscient.net. En faisant un travail sur vous (idéalement accompagné d’un psychothérapeute), vous allez pouvoir identifier clairement ce qui, dans votre comportement parental potentiel, relève de vos blessures passées plutôt que des besoins réels de l’enfant. Par exemple, une mère ayant manqué d’amour sera tentée de chercher auprès de son enfant l’affection inconditionnelle qui lui a manqué – exactement comme votre mère l’a fait avec vous. Si cette mère a fait un travail sur elle, elle pourra reconnaître ce besoin chez elle, et plutôt que de le faire porter à son enfant, trouver d’autres sources pour le combler. Sans ce travail, il y a un risque qu’elle étouffe l’enfant par une demande affective excessive, ou qu’elle bascule elle aussi dans une forme de narcissisme.
Certains schémas transgénérationnels sont moins évidents. Par exemple, une femme qui a grandi avec une mère perverse narcissique pourra, à l’âge adulte, surinvestir la relation avec sa propre fille d’une manière problématique, par peur de reproduire le manque. Elle pourra devenir une mère « fusionnelle » qui, sans le vouloir, empêche sa fille de devenir un individu séparé (sous prétexte de lui donner tout l’amour dont elle-même a manqué). C’est une autre forme de piège. D’autres, au contraire, ressentiront une forme de rejet instinctif envers leur enfant lorsque celui-ci atteint l’âge qui a été le plus difficile pour eux (par exemple, une mère ayant souffert à l’adolescence pourra, arrivée à cette étape avec son propre enfant, éprouver des émotions négatives qu’elle ne s’explique pas). Ce sont des réminiscences du passé qui menacent de se répéter.
La prise de conscience est déjà un bouclier puissant contre la transmission aveugle du traumatisme. Vous n’êtes pas condamné·e à répéter ce que vous avez vécu. Beaucoup de personnes ayant eu des parents toxiques deviennent au contraire des parents extrêmement attentifs et aimants – parfois trop (d’où l’importance de trouver un juste équilibre). Il est salvateur également de travailler sur la colère que vous ressentez. Tant qu’elle reste inconsciente, la colère s’infiltre indirectement dans la relation avec vos enfants. En la reconnaissant (envers votre mère, envers votre père complice peut-être), vous éviterez de la décharger inconsciemment sur d’autres. C’est un processus qu’un psychologue peut vous aider à mener.
Enfin, n’oublions pas les aspects éventuellement génétiques ou épigénétiques. Des études suggèrent que le stress traumatique provoque des modifications épigénétiques (marques chimiques sur les gènes) transmissibles en partie à la descendance. Cela a été étudié notamment chez les survivants de génocides et leurs enfants. Dans le contexte de la violence familiale, on manque de données spécifiques, mais on sait que les enfants de dépressifs, d’anxieux ou de traumatisés ont un terrain plus vulnérable sur ces plans. Cela ne veut pas dire que tout est joué d’avance : au contraire, un environnement aimant et stable peut complètement contrebalancer ces vulnérabilités potentielles. Simplement, soyez conscient que votre histoire fait partie de l’histoire de votre famille, et qu’en brisant le cycle, c’est non seulement vous que vous sauvez, mais aussi vos (éventuels) enfants et petits-enfants. Vous pouvez être l’artisan de la résilience familiale, celui/celle par qui la chaîne de la douleur est rompue. C’est un rôle difficile mais ô combien valorisant.
Pistes concrètes pour survivre à une mère perverse narcissique
Face à une mère narcissique, l’enfant (et même l’adulte) adopte des mécanismes de survie spontanés pour tenir le coup : se faire tout petit, anticiper les moindres désirs de la mère, mentir pour éviter les crises, etc. Cependant, ces mécanismes ne suffisent pas à vous protéger réellement à long terme, et ils vous nuisent (par exemple, mentir ou vous dissocier vous sauve sur le moment, mais entretient le déni de la réalité). Il est donc vital de développer d’autres stratégies, conscientes, pour vous défendre contre l’emprise maternelle. Voici des pistes concrètes de « survie psychique » face à une mère toxique, que vous pouvez mettre en place dès maintenant si ce n’est déjà fait :
Prendre conscience et nommer la réalité de l’abus
Cela paraît évident, mais c’est le point de départ. Tant que vous minimisez ou niez le problème (« Toutes les mères sont un peu comme ça… », « Elle m’aime à sa façon »), vous restez piégé·e. La prise de conscience est douloureuse – c’est admettre que l’on n’a pas été aimé·e normalement, que ce qu’on a vécu n’était pas normal. Mais c’est un passage obligé pour se libérer. Vous pouvez mettre sur papier ce que vous avez vécu, ou en parler à un psychothérapeute, pour objectiver les faits. Lire des ouvrages sur le sujet vous aideront à mettre des mots précis (« abus narcissique », « manipulation », etc.) sur ce qui jusque-là n’était qu’un malaise diffus. Ce n’est pas « bavasser sur le passé » inutilement ; c’est au contraire reconstituer le puzzle pour ne plus vous laisser aveugler. Vous avez le droit de dire que vous avez été victime de maltraitance, même si elle est psychologique et non physique. Aucun parent n’est parfait, mais là on parle d’une répétition de comportements destructeurs. Nommer les choses par leur nom est libérateur.
Développer des mécanismes d’adaptation psychologiques
Face à un parent manipulateur, vous pouvez apprendre à opposer des résistances internes. Par exemple, la prise de distance émotionnelle est un outil précieux. Comprenez bien : vous n’arriverez probablement jamais à convaincre votre mère ni à obtenir son approbation inconditionnelle – il faut cesser de chercher cela. À la place, vous pouvez mentalement vous détacher de ses paroles toxiques. Dites-vous que ses critiques ne parlent pas de vous, mais d’elle. Imaginez un bouclier invisible quand elle commence à vous abreuver de négativité. Vous pouvez opter pour la technique du « Grey Rock » (« faire le caillou gris ») recommandée face aux narcissiques : cela consiste à devenir le moins réactif/émotionnel possible en sa présence, ennuyeux comme une pierre. Ne lui donnez aucune prise sur vous : ne montrez ni colère ni tristesse (elle s’en repaîtrait), répondez par des monosyllabes polies, sans plus. L’idée est de réduire au minimum les interactions émotionnelles, pour qu’elle se lasse de vous manipuler (car vous ne lui offrez plus de réaction nourrissante). C’est une technique de survie utile lors des échanges inévitables. En privé, autorisez-vous bien sûr à ressentir vos émotions, mais devant elle, tâchez d’être comme une surface lisse sur laquelle ses mots glissent. Ce n’est pas facile, cela demande de l’entraînement, mais beaucoup de survivants témoignent que devenir « illisible » pour leur parent narcissique leur a rendu du pouvoir.
Apprendre (progressivement) à poser des limites : Vous avez le droit de dire non. Vous avez le droit de dire stop. Commencez par de petites choses. Par exemple, si votre mère a l’habitude d’entrer chez vous à l’improviste : imposez qu’elle vous appelle avant. Si elle téléphone à toute heure : fixez des moments où vous ne décrocherez pas. Au début, vous tremblerez peut-être en faisant cela, la culpabilité vous rongeant. Mais tenez bon sur de petites limites claires. Elle va sans doute mal réagir, tester vos barrières (colère, chantage – vous connaissez la chanson). Tenez bon. Vous verrez qu’il ne se passera rien de catastrophique si vous ratez trois appels un dimanche. Certes, elle fera peut-être la tête, mais le ciel ne va pas vous tomber sur la tête, et vous aurez franchi une étape. Ensuite, vous pourrez augmenter ces limites. Par exemple, refuser de répondre aux questions intrusives (« ça ne te regarde pas ») ou ne plus tolérer les insultes (« si tu continues à me manquer de respect, je vais devoir écourter la conversation »). C’est extrêmement difficile quand on n’y est pas habitué, mais c’est libérateur. N’oubliez pas : les limites sont nécessaires, même avec un parent. Ce n’est pas manquer d’amour que de dire non à un abus. C’est vous respecter vous-même.
Chercher du soutien extérieur et briser l’isolement
Un des pouvoirs de votre mère était sans doute de vous isoler. Pour vous libérer, entourez-vous de personnes bienveillantes. D’autres membres de la famille (un grand-parent, un oncle/tante, si ce sont des personnes saines qui ont conscience du problème), ou des ami·e·s proches, le parent non-narcissique s’il existe et s’il vous soutient, etc. Parler à quelqu’un de confiance de ce que vous vivez chez vous vous soulagera et surtout vous donnera un miroir plus objectif. Les groupes de parole ou forums de survivants de parents narcissiques peuvent aussi être d’un grand secours : réaliser que d’autres ont vécu la même chose et comprennent parfaitement ce que vous ressentez aide à défaire le lavage de cerveau. Vous n’êtes pas « ingrat·e » ou « fou/folle » : plein d’autres mères ont eu les mêmes comportements que la vôtre, et leurs enfants en souffrent de la même manière. Rompre le silence, c’est affaiblir le pouvoir de l’agresseur.
Ne plus chercher à la changer
C’est un pas décisif. Tant qu’on reste dans l’attente que « peut-être, un jour, elle comprendra et elle deviendra la mère dont j’ai besoin », on reste enchainé. Or la réalité, c’est que vous ne pouvez pas changer votre mère. Sauf cas rarissimes (prise de conscience « miraculeuse » et thérapie suivie de son côté – ne pariez pas là-dessus), elle restera fondamentalement la même. Par contre, vous pouvez changer votre approche. Commencez par renoncer aux faux espoirs. Par exemple, arrêter de se confier à elle en espérant du réconfort (à chaque fois vous êtes déçu·e, mais vous continuez d’espérer inconsciemment que « cette fois, elle va me comprendre »). Non, elle ne vous comprendra pas, et vous allez cesser de tendre le bâton pour vous faire battre. Choisissez soigneusement ce que vous lui révélez de votre vie, afin de lui donner le moins possible d’armes à retourner contre vous. Acceptez qu’elle n’est pas et ne sera probablement jamais la mère aimante dont vous avez rêvé. Ce deuil est difficile, mais ensuite vient une forme de paix : vous cessez d’attendre d’elle ce qu’elle ne peut donner. À partir de là, vous pourrez chercher ce soutien autrement (thérapeute, amis, figure maternelle de substitution pourquoi pas). Beaucoup de personnes trouvent des « mentors » ou des figures parentales de cœur plus tard dans leur vie – un beau-parent, un thérapeute, un aîné bienveillant – qui comblent en partie ce vide et leur montrent ce qu’est un amour parental sain. Ne cherchez plus l’eau fraîche dans le puits asséché qu’est votre mère ; allez la chercher ailleurs, là où elle existe.
Envisager la thérapie individuelle
Se faire accompagner par un professionnel est vivement recommandé dans ce parcours. Un·e thérapeute (psychologue, psychothérapeute, psychiatre formé en thérapie) vous aidera à détricoter les mécanismes, à soigner votre traumatisme, à reconstruire l’estime de soi et à apprendre concrètement de nouvelles façons de fonctionner. Choisissez de préférence quelqu’un qui connaît bien les notions de trauma et de manipulation psychologique. Tous les psys ne sont pas formés à repérer les pervers narcissiques. Ce support est précieux, car vous aurez besoin d’une « boussole » fiable lorsque vous remettrez en question vos schémas de pensée hérités de l’emprise. Un bon thérapeute sera empathique, vous croira (ce qui change de l’expérience de ne pas être cru par d’autres qui idéalisent votre mère) et vous guidera à votre rythme. Boris Cyrulnik, spécialiste de la résilience, souligne que l’on se remet mieux de ces traumatismes quand on bénéficie de « tuteurs de résilience » – c’est-à-dire de personnes ressources qui servent de soutien pour se reconstruire. Ce peut être un thérapeute, ou un proche empathique, etc. Mais personne ne devrait affronter seul ce chantier émotionnel. Acceptez donc de vous faire aider. C’est courageux, pas faible, de demander de l’aide professionnelle. D’autant qu’un thérapeute pourra aussi vous donner des conseils personnalisés sur la gestion de la relation avec votre mère (jusqu’où maintenir le contact, comment poser vos limites, comment gérer la culpabilité, etc.).
Élaborer des stratégies d’autonomie et de protection pratique
Si vous êtes encore jeune et vivez chez votre mère, il va falloir penser à vous extraire physiquement de l’environnement toxique dès que possible (par exemple, chercher un logement dès la majorité, ou étudier dans une autre ville, etc., quitte à demander l’aide d’organismes sociaux ou de proches pour financer cela). Si vous êtes adulte et ne vivez plus avec elle, la question est alors de limiter les interactions toxiques. Essayez de la voir qu’en terrain neutre (éviter les tête-à-tête chez vous ou chez elle, privilégier des lieux publics où elle se tiendra peut-être mieux), ou avec d’autres personnes autour (pour qu’elle garde une image). Ça peut vouloir dire ne communiquer que par écrit si l’oral tourne à l’agression (par SMS/email, vous pouvez filtrer ses mots). Bref, mettez en place tout ce qui réduit l’impact de son comportement sur vous. Certains établissent une sorte de contrat unilatéral : par exemple, pas d’appels après telle heure, pas d’insultes (sinon je raccroche), pas de critiques sur tel sujet (sinon je quitte la pièce). Elle ne respectera sans doute pas ces « règles », mais VOUS, vous saurez quoi faire quand elles sont enfreintes (vous retirer de la situation). Au début, cela va la surprendre que vous vous affirmiez ainsi, mais sur le long terme, elle pourrait finir par intégrer qu’elle ne peut plus tout se permettre. Et si ce n’est pas le cas, ces stratégies vous serviront au moins à vous préserver autant que possible.
Protéger les éventuels enfants de la toxicité de leur grand-mère
Si vous avez vous-même des enfants, il est légitime d’être inquiet quand ils voient votre mère. Une grand-mère narcissique cause des dommages psychologiques à vos enfants aussi (en les manipulant, en les utilisant pour vous atteindre, en créant des rivalités entre cousins, etc.). Soyez donc vigilant. Surveillez ses interactions avec eux. N’hésitez pas à mettre des limites claires quant à son accès à vos enfants. Par exemple, ne jamais la laisser seule avec eux si vous craignez qu’elle leur dise du mal de vous ou les malmène. Expliquez à vos enfants, avec des mots adaptés à leur âge, que leur grand-mère a un comportement spécial et qu’ils peuvent toujours vous parler si elle leur dit des choses qui les troublent. Il vaut parfois mieux restreindre les contacts grands-parents/enfants que de permettre la perpétuation du schéma. C’est un choix personnel (qui rejoint la question du no-contact abordée plus loin), mais n’oubliez pas que votre priorité est de protéger vos enfants. S’il le faut, privez votre mère de ce pouvoir sur la nouvelle génération.
Ces pistes de survie ne sont pas exhaustives, et surtout, elles ne sont pas faciles à appliquer du jour au lendemain. Allez-y pas à pas, célébrez chaque petite victoire (comme avoir osé dire « non » une fois, ou être resté impassible face à une provocation). Chaque geste de résistance vous redonnera un peu de votre pouvoir volé. Rappelez-vous : vous avez le droit de vous défendre, même face à votre mère. Ce n’est pas parce qu’elle vous a mis au monde qu’elle a un blanc-seing pour vous détruire. Vous n’êtes plus l’enfant impuissant : aujourd’hui, vous pouvez prendre votre propre parti.
Se reconstruire : retrouver votre identité, vous libérer de la culpabilité et poser des limites
Survivre, c’est bien – mais ce n’est que le début. L’objectif final est de vous reconstruire pleinement, de vous épanouir loin de l’ombre maternelle. Cela signifie non seulement cesser l’hémorragie (arrêter de subir l’abus), mais aussi panser les blessures et réapprendre à vivre. C’est un processus long, non linéaire, mais absolument possible. Des millions de personnes ont réussi à se reconstruire après des enfances terribles, certaines deviennent même plus fortes qu’elles ne l’auraient imaginé. Boris Cyrulnik, qui a popularisé le concept de résilience, définit celle-ci comme « la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit de l’adversitégoodreads.com ». Votre vie n’est pas condamnée par votre passé ; vous pouvez transformer ce merveilleux malheur (pour reprendre le titre d’un de ses ouvrages) en force d’évolution. Voici les axes majeurs de la reconstruction :
Retrouver votre identité propre
Pendant des années, votre identité vous a été dictée ou niée par votre mère. Il est temps de découvrir ou redécouvrir qui VOUS êtes. Cela semble abstrait, mais concrètement, explorez vos goûts, vos opinions, sans le filtre maternel. Posez-vous la question : si ma mère n’avait rien à dire là-dessus, qu’est-ce que j’aimerais, moi ? Peut-être devez-vous refaire des expériences que vous n’avez pas pu faire enfant. Exemples tout bêtes : choisir vos vêtements librement si elle contrôlait votre apparence, vous mettre à un loisir artistique si elle vous disait que vous étiez nul·le, sortir avec tel type de personne qui aurait déplu à votre mère mais qui VOUS plaît à vous, etc. Osez l’expérimentation. Parfois, la reconstruction identitaire passe par des choses symboliques fortes : changer de prénom (certains enfants de PN ne supportent plus le prénom que leur mère a choisi et optent pour un surnom ou un second prénom), modifier son apparence (une coupe de cheveux qui affirme votre « nouveau » vous), ou même déménager dans un endroit qu’on a choisi. L’idée est de vous réapproprier votre vie. Vous pouvez aussi travailler en thérapie des exercices sur l’estime de soi. Petit à petit, vous allez sentir émerger une personnalité qui vous est propre, débarrassée du joug maternel. C’est un sentiment grisant (et peut-être effrayant au début car inconnu). Rappelez-vous : vous avez le droit d’être vous-même. Ce que votre mère appelait « égoïsme » chez vous, c’est en fait l’individuation normale. Vous avez le droit d’aimer des choses qu’elle déteste, d’avoir des valeurs différentes, de vivre à votre manière.
Se libérer de la culpabilité toxique
La culpabilité est le dernier boulet dont on arrive à se défaire. Même en ayant compris l’abus, beaucoup de survivants continuent à sentir en eux une voix qui dit « C’est mal de s’éloigner de sa mère, c’est mal de la contrarier… ». Cette culpabilité a été implantée artificiellement par votre mère, comme un programme. Il faut la reprogrammer. Un mantra à vous répéter : « Je n’ai pas à me sentir coupable de me protéger. Ce qui est toxique, c’est la situation, pas moi. » Comprenez bien que votre mère a utilisé la culpabilité pour vous garder sous contrôle, mais qu’en réalité, vous n’avez rien fait de mal. En fixant des limites ou en prenant vos distances, vous ne commettez aucun crime – vous exercez un droit fondamental. Vous avez tout donné enfant pour essayer d’être « suffisant » pour elle. Cela n’a jamais marché, non pas parce que vous n’avez pas assez donné, mais parce que son appétit était insatiable. Vous avez le droit aujourd’hui de stopper ce cycle de sacrifice sans fin. Une réflexion éthique utile : l’amour et le respect entre parent et enfant devraient être réciproques. On attend d’un enfant qu’il respecte ses parents, certes, mais on attend aussi d’un parent qu’il respecte son enfant. Dans votre cas, ce respect n’a pas été là dans un sens. Vous n’avez donc aucune dette morale à culpabiliser de ne plus vouloir subir. Ecrire une lettre (pas nécessairement à envoyer) à votre mère où vous exprimez tout ce qui vous a fait mal, et où vous affirmez que vous refusez désormais de porter la culpabilité à sa place fait partie des exercices libérateurs. Parfois, on fait un rituel symbolique (brûler la lettre, ou la lire devant un thérapeute) pour s’en libérer. Chaque fois que la culpabilité revient, rappelez-vous : « Ai-je réellement fait quelque chose de mal, ou est-ce un conditionnement ? » – Dans 99% des cas, c’est du conditionnement. Avec le temps, cette culpabilité irrationnelle s’estompera, surtout si vous l’exposez à la lumière de la raison. Vous n’avez aucune raison d’avoir honte de vous protéger, tout comme une victime d’agression n’a pas honte de fuir son agresseur.
(Ré)apprendre à poser des limites saines dans toutes vos relations
On en a déjà parlé dans les pistes concrètes, mais c’est un pilier de la reconstruction : devenir capable de dire « non » et de vous affirmer sans peur. Chaque progrès vous rendra plus fort·e et plus confiant·e. Vous verrez d’ailleurs que la plupart des gens « normaux » acceptent très bien qu’on pose des limites – ce qui vous étonnera peut-être après des années avec quelqu’un qui ne les acceptait jamais. Par exemple, oser dire à un ami « je préfère qu’on reporte notre rendez-vous, je suis fatigué·e » et entendre « OK pas de souci, repose-toi bien ! » est une expérience presque nouvelle pour vous. Petit à petit, vous réalisez que dans une relation équilibrée, poser une limite ne provoque pas un drame. Cela vous encouragera à continuer. L’objectif ultime est que vous n’ayez plus ce réflexe de soumission ou de peur face aux figures d’autorité. Vous êtes l’égal de n’importe qui, vous avez le droit d’être traité·e avec respect. En intégrant cela, vous enverrez aussi le signal aux personnes toxiques que vous n’êtes plus une proie facile. Vous pourriez être surpris·e de voir certains « amis » profiteurs s’éloigner d’eux-mêmes quand vous commencerez à vous affirmer – c’est très bien, faites-leur vos adieux sans regret ! À l’inverse, vous attirerez des personnes qui vous respecteront d’autant plus que vous vous respectez vous-même.
Se rééduquer émotionnellement
Vous avez peut-être de la colère bloquée envers votre mère (et d’autres). Cette colère est légitime. On vous a fait du mal et vous aviez le droit d’en être en colère, même si on vous l’a interdit. Vous pouvez la libérer dans un cadre contenant : en thérapie (certains font des exercices pour extérioriser la rage, par exemple frapper dans un coussin en criant ce qu’ils auraient voulu dire), ou par l’art (peindre, écrire un journal cru, composer une musique agressive – tout ce qui fait sortir). De même pour la tristesse immense qui dort en vous (le deuil d’une mère aimante que vous n’avez pas eue, le chagrin de l’enfant blessé). Permettez-vous de pleurer ces larmes retenues. C’est normal, c’est purificateur. Vous avez peut-être aussi de la peur qui subsiste : la peur qu’elle vous fasse encore du mal, ou la peur diffuse de la vie. En nommant vos peurs, en les confrontant doucement, vous verrez qu’à présent vous avez des ressources pour y faire face. Accueillez l’éventail de vos émotions sans jugement. Elles sont toutes légitimes. Un jour, vous sentirez même revenir de la joie – cette joie spontanée qu’un enfant ressent quand il est en sécurité et libre. Au début, elle peut être timide en vous. Vous aurez peut-être du mal à vous autoriser la joie (le bonheur vous semblait interdit ou dangereux). Mais à mesure que vous gagnez en confiance, la joie reviendra, ainsi que la sérénité. Le but ultime est de parvenir à éprouver pleinement les émotions adaptées au présent, sans être esclave de celles du passé. Vous avez le droit d’être en colère contre votre mère et d’être heureux dans votre vie actuelle sans contradiction. Vous avez le droit d’être triste un jour et léger le lendemain. Toutes ces couleurs vous appartiennent.
Reconstruire des relations sécures et nourrissantes
La reconstruction passe aussi par l’extérieur. À force de fréquenter des personnes toxiques, on oublie ce qu’est une relation équilibrée. Essayez de vous entourer de gens bienveillants qui vous apprécient tel que vous êtes. Ça peut être un·e conjoint·e, un cercle d’amis proches, ou même un groupe de soutien. L’important est de vivre des relations où il y a du respect mutuel, de l’écoute, de la bienveillance. Forcez-vous un peu à accepter l’affection sincère qu’on vous porte, sans la saboter. Par exemple, si quelqu’un vous complimente, au lieu de rejeter le compliment, dites juste « merci » et laissez-le vous imprégner (c’est dur, mais faites-le comme un exercice). Si quelqu’un vous aide par gentillesse, ne vous dites pas « je le dérange », dites-vous « il/elle fait ça parce qu’il m’apprécie, c’est ainsi que fonctionnent les relations humaines saines ». Petit à petit, en vivant des expériences relationnelles positives, vous reconfigurerez votre référentiel. Vous réaliserez qu’une dispute ne mène pas forcément à la guerre, qu’une critique peut être constructive et bienveillante, qu’un désaccord n’implique pas la fin de l’amour, etc. Vous apprendrez aussi que vous pouvez faire confiance, et surtout que vous méritez amour et respect. Rien ne guérit mieux qu’un amour sain après l’amour toxique. Cela ne doit pas vous empêcher d’être autonome : ce n’est pas l’autre qui va vous « sauver », mais l’autre peut servir de tuteur de résilience, de modèle. Vous reconstruire, c’est aussi vous ouvrir à nouveau au monde, après vous en être protégé·e. Quand on a connu la trahison, on a tendance à se refermer. Mais il existe des personnes fiables et aimantes, et vous les rencontrerez en vous donnant la chance.
Donner un sens à votre vécu
C’est optionnel mais beaucoup de survivants passent par là : trouver un sens ou tirer une force de cette épreuve. On ne parle pas de dire « merci maman de m’avoir fait souffrir » – sûrement pas ! Mais de regarder en avant et de voir comment cette histoire a fait de vous qui vous êtes, et comment vous pouvez transformer le poison en remède. Certaines personnes trouvent de la guérison en créant à partir de leur expérience : écrire un livre, participer à des groupes, militer contre la violence éducative, ou tout simplement élever leurs propres enfants avec bienveillance en ayant conscience de rompre le cycle (ce qui est déjà un héritage de valeur). Le psychiatre Boris Cyrulnik parle des « résilients » comme de personnes qui développent une créativité, une empathie, une force insoupçonnée grâce – ou plutôt en dépit – de ce qu’elles ont traversé goodreads.com. Vous pourriez être étonné·e un jour de vous découvrir des qualités directement liées à votre passé : peut-être êtes-vous particulièrement perspicace pour détecter les émotions cachées (car vous y étiez entraîné·e enfant), peut-être avez-vous une maturité précoce, ou une capacité à garder votre sang-froid dans des situations difficiles. Ce sont des atouts nés des épreuves. S’en rendre compte permet de se réapproprier son histoire non plus seulement comme un fardeau, mais aussi comme une source de compétences. Bien sûr, on préférerait tous avoir ces compétences sans passer par la casse souffrance… mais vous pouvez au moins valoriser ce que cela a forgé en vous.
En somme, la reconstruction est un voyage vers la renaissance de vous-même. Ce chemin est sinueux. Il y aura des moments de découragement, des rechutes (par ex, recraquer et appeler votre mère en pleurant lors d’un coup dur, pour se rendre compte qu’elle ne change pas et se faire mal à nouveau). Ne vous blâmez pas pour ces rechutes : elles font partie du processus. Chaque fois, vous apprendrez quelque chose et vous repartirez plus lucide. Armez-vous de patience et de bienveillance envers vous-même. Ce qu’un parent aimant aurait fait pour vous, faites-le pour votre enfant intérieur. Soyez le parent que vous auriez voulu avoir : consolant, encourageant, aimant. Avec le temps, cette bienveillance envers vous-même deviendra naturelle et vous serez vraiment sorti·e de l’emprise.
La finalité de tout cela, c’est de parvenir un jour à vivre pleinement, sans la voix de votre mère dans votre tête. C’est d’être enfin libre de vos choix, libéré·e de la culpabilité et de la peur. Cela n’effacera pas le passé (il restera une partie de vous, peut-être même aurez-vous encore de la tristesse ou de la colère en y pensant, c’est humain), mais ce passé ne dictera plus votre présent ni votre avenir.
Faut-il couper les ponts avec une mère perverse narcissique ? – Avantages, inconvénients et réflexion autour du no-contact
La question redoutée mais incontournable : doit-on aller jusqu’à couper totalement les liens avec une mère narcissique ? En anglais, les survivants parlent du « no contact » comme de l’arme ultime pour se protéger – ne plus avoir aucun contact avec le parent toxique, de façon permanente ou indéfinie. En français, on dit « couper les ponts » tout simplement. C’est une décision extrêmement personnelle et lourde à prendre. Il n’y a pas de réponse universelle, mais examinons les pour et les contre, et les enjeux.
➕ Les avantages potentiels du no-contact
Protection totale de votre santé mentale
Ne plus être en contact, c’est s’épargner de nouvelles blessures. Chaque interaction avec une mère narcissique rouvre les plaies. En coupant le lien, vous supprimez la source active de stress et de douleur. Beaucoup de survivants témoignent que leur vie a radicalement changé en mieux après la rupture : plus d’angoisses soudaines en voyant son nom sur le téléphone, plus de crises de larmes après une visite humiliante. Un témoignage révélateur : « Couper les ponts avec ma mère a été la meilleure décision de ma vie » confie ainsi Cléo, 30 ans, qui se sent enfin libre femina.fr. Sans ce lien toxique, vous guérissez plus paisiblement, sans être sans cesse replongé dans le trauma.
Reprendre le contrôle de sa vie
Tant que votre mère a un accès à vous, d’une certaine manière elle garde du pouvoir. En disant stop définitivement, vous envoyez le message clair que cette emprise est terminée. C’est très « empuissançant » (empowering). Vous définissez enfin les règles de votre vie sans avoir à composer avec ses exigences ou ses manipulations. Vous accélérez votre individuation : plus personne pour vous dicter quoi penser ou ressentir.
Casser le cycle de l’espoir/désespoir
On l’a évoqué, même lucide vous gardez un espoir que « peut-être cette fois… ». En coupant les ponts, vous tranchez ce nœud gordien. Vous acceptez pleinement que non, il n’y aura pas de réconciliation magique. C’est dur, mais après, vous n’attendez plus rien d’elle. Vous êtes libre de focaliser votre énergie sur des relations qui, elles, sont positives. Vous sortez du rôle de l’enfant en attente de validation. Vous devenez l’adulte qui n’attend plus rien de son parent, et c’est un soulagement immense.
Se préserver soi-même et ses propres enfants
On l’a dit, si vous avez des enfants, ne plus donner d’accès à la grand-mère toxique c’est les protéger de façon radicale. Même pour votre entourage proche (conjoint, amis), parfois la présence continuelle du conflit avec la mère pèse. En la coupant de votre vie, vous épargnez aussi à votre famille le drama incessant. Vous bâtissez une sphère familiale sereine, sans intrusion malsaine.
Poser un acte fort qui peut (peut-être) provoquer une prise de conscience
Ce n’est pas le but premier, mais parfois, le seul truc qui fait réfléchir les parents toxiques est de se voir opposer un mur. Tant qu’on reste disponible, ils continuent. Par contre, quand un enfant coupe les ponts, certains parents (pas tous) réalisent que leurs actes ont eu de vraies conséquences. Ils n’en changeront pas forcément pour autant, mais au moins ils sont forcés de constater qu’ils ont perdu quelque chose. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas pour les éduquer qu’on le fait, c’est pour se sauver soi.
➖ Les inconvénients et difficultés du no-contact
Culpabilité et pression sociale accrues
« Comment, tu ne parles plus à ta mère ? Mais on n’a qu’une mère, voyons ! » Attendez-vous à des réactions de ce genre de la part de personnes qui ne comprennent pas la situation. La société juge sévèrement les enfants qui coupent les ponts, car l’idéal familial est très ancré. Cela vous fait douter et ravive la culpabilité. Même vous, en interne, pourriez culpabiliser lors des fêtes, anniversaires, etc. C’est un écueil à préparer. Parfois, expliquer aux proches vos raisons aide (sans forcément entrer dans les détails – un « c’est pour me protéger, c’est une décision mûrement réfléchie » suffit). Mais il y aura toujours des gens pour ne pas comprendre. Il faut vous y attendre et vous y tenir malgré tout, si vous savez que c’est ce qu’il y a de mieux pour vous.
Deuil et solitude
Même d’une relation toxique, on doit faire le deuil. Couper les ponts, c’est accepter que vous n’aurez plus jamais de relation avec votre mère. Même si cette relation était affreuse, c’était votre mère. Le deuil est paradoxal : on ne pleure pas la personne réelle (qui était nocive), on pleure ce qu’on aurait voulu qu’elle soit, on pleure l’espoir, on pleure l’amour qu’on n’a jamais eu. C’est très douloureux émotionnellement. Cela ravive un sentiment d’abandon originel. Durant un temps, vous vous sentirez seul(e) au monde, sans parents. Si vous avez un père ou d’autres proches vous n’êtes pas seul(e), mais si ce n’est pas le cas, il faut s’y préparer. L’être humain est fait pour avoir des figures parentales, et se retrouver « orphelin volontaire » est un vertige. Toutefois, cette solitude est temporaire : vous allez créer votre propre famille de cœur.
Pas de retour en arrière facile
Une fois les ponts coupés, surtout si c’est explicite (lettre annonçant la rupture, etc.), il est difficile de faire machine arrière. Si vous regrettez, renouer sera compliqué et potentiellement dangereux (elle risquerait de vous punir encore plus pour l’abandon qu’elle a perçu). Donc c’est une décision à ne pas prendre sur un coup de tête de colère, mais bien posément. Certains choisissent un no-contact partiel ou temporaire dans un premier temps (par ex, plus de contact pendant une année, pour voir comment ils se sentent). Sachez cependant que tout contact rouvert rouvrira aussi la porte aux abus.
Conséquences familiales
En coupant votre mère, vous risquez d’être aussi coupé d’autres membres de la famille qui ne comprendront pas votre geste ou prendront fait et cause pour elle. Par exemple, certains frères/sœurs qui n’ont pas la même lecture des événements pourraient vous en vouloir. Ou votre mère monte d’autres parents contre vous en racontant que vous l’abandonnez de façon injuste. Il peut y avoir des divisions familiales douloureuses. Là encore, c’est le prix à payer parfois pour se protéger. Mais il faut le garder à l’esprit. Préparez une équipe de soutien (ceux qui savent et approuvent votre décision) pour tenir face aux éventuels conflits avec le reste de la famille.
Considérations éthiques et émotionnelles
Vous culpabilisez en vous disant « Mais c’est ma mère, je lui dois bien ça… ».
Rappelez-vous ceci : ce n’est pas vous qui avez rompu le contrat en premier. Le contrat implicite parent-enfant, c’est que le parent doit aimer et protéger l’enfant. Votre mère a rompu ce contrat depuis longtemps par son abus. Couper les ponts, c’est entériner cette rupture qu’elle a elle-même provoquée. Vous ne « devez » pas sacrifier votre santé mentale sous prétexte du lien du sang. L’amour familial n’est pas un dû, c’est un échange. S’il n’y a eu que poison d’un côté, l’enfant n’est pas moralement obligé de continuer à boire ce poison parce que « c’est sa mère qui le lui tend ».
Certains se disent : « Et si elle tombe malade, si elle vieillit et se retrouve seule ? ».
C’est en effet un cas de conscience. Là encore, pensez à quel point elle a été présente pour vous quand VOUS étiez vulnérable. Si la réponse est « pas du tout », la morale traditionnelle de « il faut prendre soin de ses vieux parents » s’applique-t-elle vraiment ? C’est un choix très personnel. Personne ne pourra vous dire de laisser votre mère malade à l’abandon (et peut-être qu’il y a d’autres solutions : s’assurer qu’elle ait une aide extérieure professionnelle, par exemple). Mais n’oubliez pas : s’occuper de ses parents âgés est un acte d’amour filiale normalement – on le fait par gratitude de ce qu’ils nous ont donné. Si elle ne vous a donné que de la souffrance, il est compréhensible de ne pas vouloir s’imposer cela. Ne vous sacrifiez pas par pur sens du devoir si cela doit vous détruire à nouveau. Il existe parfois des voies médianes, comme déléguer cette aide à d’autres ou garder un contact minimal purement logistique.
Vous pouvez aussi envisager le low-contact plutôt que le no-contact.
C’est-à-dire ne pas couper totalement, mais réduire au strict minimum les interactions, en les gardant superficielles. Par exemple, un appel poli à Noël et à son anniversaire, et c’est tout. Ou une visite annuelle en présence d’autres personnes. Certains optent pour ce compromis quand une coupure franche est trop difficile ou pas souhaitée. Ça permet de se dire « je n’ai pas totalement abandonné ma mère », tout en se protégeant au maximum. Ce n’est pas idéal car même une petite interaction peut rouvrir des blessures, mais c’est déjà mieux que d’être en contact fréquent. C’est très personnel : pour certain·e, tant que la porte est entrebâillée, la mère continue ses dégâts, donc le no-contact total s’impose. Pour d’autres, le low-contact géré strictement suffit à pacifier leur vie tout en ayant la conscience tranquille vis-à-vis de la morale personnelle.
Un point important : ne prenez pas la décision dans un moment de crise émotionnelle uniquement.
Mûrissez-la à tête reposée. Faites la liste des bénéfices/risques pour vous. Parlez-en éventuellement à un psychologue ou une personne de confiance. Si vous décidez de franchir le pas, préparez-vous mentalement à tenir bon.
Si vous coupez les ponts, il est utile de formaliser la chose pour vous-même. Par exemple en écrivant une dernière lettre à votre mère (que vous envoyiez ou non). Certains envoient une lettre expliquant qu’ils se retirent de la relation pour x ou y raison (sans forcément chercher à convaincre, mais pour acter). D’autres ne donnent aucune explication (disparaître, changer de numéro, etc.). C’est selon votre situation et ce qui est le plus sécurisant. Parfois, donner des explications fournit des munitions au parent pervers pour vous contester ou vous manipuler ; disparaître sans explication est plus efficace pour clore net. C’est vraiment au cas par cas. L’important est que vous sachiez que c’est fini et que vous vous y teniez.
En conclusion sur ce point, couper les ponts est une option de dernier recours, mais elle est parfois nécessaire pour se sauver. Ce n’est pas un geste égoïste, c’est souvent un geste de survie. Comme l’écrit la psychologue Susan Forward (« Parents toxiques »), on ne doit pas se sentir obligé d’aimer quelqu’un qui nous a fait du mal, sous prétexte qu’il est de notre famille. L’amour inconditionnel parent-enfant, dans un monde idéal, va dans les deux sens. Mais ici, l’enfant a donné assez d’amour et de chances ; il arrive un moment où, pour ne pas sombrer, on doit s’éloigner définitivement. C’est une décision courageuse et difficile. Quelle que soit votre décision – maintenir un lien minimal ou couper – sachez qu’il n’y a pas de « bonne » ou « mauvaise » réponse universelle, juste ce qui est bon pour vous. Prenez la décision qui vous apportera la plus grande paix intérieure à long terme. Et rappelez-vous, si vous choisissez la rupture, ce n’est pas un acte de haine ou de vengeance (même si la colère est légitime) : c’est avant tout un acte d’amour envers vous-même.
En guise d’épilogue
Retenez ceci : vous avez le droit de vivre. Vraiment vivre, pas survivre sous l’emprise d’une mère toxique. Ce que vous avez traversé est injuste et tragique, mais ce n’est pas la fin de votre histoire. Vous avez déjà fait la chose la plus importante : ouvrir les yeux. Ce que vous en ferez maintenant, c’est votre victoire. Chaque pas pour vous libérer, chaque limite posée, chaque instant de bonheur que vous vous autorisez est une petite victoire sur le passé. Reconstruire son identité après une telle emprise est un défi, mais vous en ressortirez plus conscient·e et, paradoxalement, plus apte à goûter pleinement la vie que bien des gens qui n’ont jamais eu à se poser ces questions. Apprendre à s’aimer soi-même après avoir été méprisé·e, c’est une conquête héroïque. Donnez-vous du temps et de la compassion dans ce parcours.
Et si jamais le doute vous étreint encore, relisez ces mots : Ce n’était pas votre faute. Vous n’avez pas mérité ce qui vous est arrivé. Vous méritez d’être aimé·e, respecté·e et heureux/se. Votre mère a essayé de vous faire croire le contraire, mais maintenant vous savez la vérité. Prenez soin de l’enfant intérieur en vous, offrez-lui la douceur et la protection qu’il n’a pas eues. Il n’est jamais trop tard pour avoir une « vraie » mère – fût-elle symbolique, en la personne de vous-même ou de personnes de confiance qui vous entourent désormais. Vous n’êtes pas condamné·e à répéter le passé. Vous êtes aux commandes de votre présent.
En vous souhaitant sincèrement de trouver la paix et la liberté que vous méritez, rappelez-vous que de nombreux spécialistes (Alice Miller, Boris Cyrulnik, Judith Herman, Jean-Charles Bouchoux…) ont éclairé ce chemin et confirment que la résilience est possible. « Le malheur n’est jamais pur… la résilience désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit de l’adversité », écrit Cyrulnik goodreads.com. Vous êtes l’illustration vivante de cette capacité : malgré l’adversité que vous avez connue, vous pouvez non seulement survivre, mais aussi vous épanouir et vivre pleinement. Le voyage est long, mais il en vaut la peine. Vous en valez la peine.
Sources citées :
Alice Miller – Le drame de l’enfant doué et travaux sur l’abus narcissique fr.wikipedia.org
Boris Cyrulnik – Un merveilleux malheur (concept de résilience) goodreads.com
Judith Herman – Trauma and Recovery (traumatisme complexe) epsilonmelia.com
Jean-Charles Bouchoux – Les pervers narcissiques goodreads.com
Témoignage anonyme – « Ma mère, mon poison » copes.fr
Darlene Lancer – article psychologue.net sur les mères narcissiques psychologue.net
Étude neurobio – Dr. A. Pfersdorff pediatre-online.fr; etc. (Voir liens et références dans le texte)
✅ FAQ Mère perverse narcissique : comment s’en libérer ?
Une mère perverse narcissique se caractérise par un manque total d’empathie, un besoin de contrôle, une manipulation émotionnelle permanente, et une forte tendance à rabaisser, humilier ou à rivaliser avec son enfant.
Non. Une mère exigeante peut être aimante et respectueuse. La différence repose sur l’empathie, le respect des limites de l’enfant, et l’absence de manipulation.
L’enfant développe des troubles anxieux, une faible estime de soi, des difficultés relationnelles, une dépendance affective ou au contraire un isolement profond.
Parfois oui. Le no-contact (ou du moins le low-contact) peut être salvateur, mais chaque situation est unique. Il est essentiel d’évaluer les risques, les impacts émotionnels et de se faire accompagner si besoin.
Oui. Avec un travail thérapeutique, du soutien et un cheminement personnel, il est possible de guérir, (re)trouver son identité et d’apprendre à poser des limites.