Être Une Mère Suffisante : Comment Accepter L’Imperfection
Chaque dernier dimanche de mai, les enfants célèbrent leurs mères avec des cadeaux faits maison, collier de nouilles, petits poèmes, dessins témoignant ainsi de leur amour. Dans cet article « Comment être une mère suffisante : maternité imparfaite », je retrace, dans un premier temps, l’histoire de la Fête des Mères, de ses origines antiques à son interprétation moderne. Dans un deuxième temps, j’explore la notion libératrice et déculpabilisante de la « Mère suffisamment bonne » du psychanalyste Donald Winnicott.
Histoire de la Fête des Mères : des origines antiques à la modernité

Des racines anciennes qui remontent à la Grèce Antique
La tradition de célébrer les mères remonte à la Grèce antique. Chaque printemps, les Grecs rendaient hommage à la déesse Rhéa (ou Cybèle), considérée comme la mère des Dieux, marquant ainsi une des premières formes de célébration des mères.
De l’idée de Napoléon à l’officialisation américaine
L’idée d’une journée dédiée spécifiquement aux mères a été évoquée pour la première fois en 1806 par Napoléon. Cependant, cette proposition n’a pas abouti à cette époque.
Plus d’un siècle plus tard, en 1907, aux États-Unis, la Fête des Mères moderne prend ses racines grâce à Anna Jarvis, qui a milité pour sa création en mémoire de sa propre mère. Le gouvernement américain a finalement officialisé cette journée en 1914, établissant la Fête des Mères chaque deuxième dimanche de mai.
Diffusion en France pendant et après la Première Guerre Mondiale
La Première Guerre mondiale a été un vecteur de propagation de cette tradition en Europe. En 1918, les soldats américains stationnés en France durant le conflit ont introduit le « Mother’s Day ». Ce n’est qu’en 1920 que la France, prenant exemple sur les États-Unis, commence à célébrer cette journée.
Du régime de Vichy à la République: l’évolution du concept sous différentes administrations
C’est sous le régime de Vichy que la Fête des Mères a été officialisée en France. Le Maréchal Pétain a institué cette célébration dans le cadre d’une politique nataliste favorisant les mères de familles nombreuses. En 1950, le Général de Gaulle a promulgué une loi fixant la Fête des Mères au dernier dimanche de mai, ou au premier dimanche de juin si la Pentecôte tombe le dernier dimanche de mai. Cette décision visait à démocratiser et stabiliser la date de la Fête des Mères en France, lui donnant la forme que nous connaissons aujourd’hui.
Aujourd’hui, la Fête des Mères est célébrée dans de nombreux pays du monde, chacun ayant ses propres traditions et dates de célébration.
La notion de « Mère suffisamment bonne » – « Good enough mother » – Donald Winnicott (pédiatre et psychanalyste)

Doutez-vous de vous-même en tant que mère ? Vous sentez-vous souvent coupable ? Avez-vous le sentiment de ne pas être à la hauteur ? Alors, je vous encourage à lire et à réfléchir à ce qui suit.
La notion de « Mère suffisamment bonne » provient de la théorie psychanalytique développée par le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott. Il décrit l’idée qu’une mère n’a pas besoin d’être PARFAITE pour que son enfant soit « équilibré et bien ajusté« , mais plutôt SUFFISAMMENT ATTENTIVE et SENSIBLE aux besoins de son enfant.
« Une mère suffisamment bonne, celle qui fait des erreurs et qui corrige habituellement assez bien ces erreurs, voilà ce qui prépare l’enfant à accepter et à comprendre la réalité extérieure. »
Donald Winnicott
Une perspective libératrice et plus réaliste
Donald Winnicott, en développant alors le concept de la « Mère suffisamment bonne », offre une perspective libératrice et plus réaliste sur la maternité, en contrastant avec les idéaux de perfection souvent imposés aux mères.
Une « mère suffisante » c’est celle qui sait répondre de manière équilibrée aux besoins de son enfant, ni trop, ni trop peu. Elle se situe entre une mère « pas assez bonne » qui laisserait son enfant en souffrance et une mère « trop bonne » (surparentalité) qui répondrait trop à ses besoins ne le laissant pas ressentir le manque (la frustration).
Le sentiment de frustration, élément de la construction de l’enfant
Le manque et la frustration font parties des éléments fondateurs de la construction de l’enfant. Winnicott explique que permettre à l’enfant de vivre des frustrations mineures est essentiel pour son développement. Quand vous ne répondez pas immédiatement ou parfaitement à une demande de votre enfant, vous l’aidez à apprendre à gérer la déception et à développer son l’autonomie.
Prendre conscience de cela, peut vous rassurer si vous craignez que chaque petite erreur ou délai dans la réponse à vos enfants puisse lui être préjudiciable. Winnicott souligne que nul besoin d’être une mère parfaite pour avoir des enfants heureux et en bonne santé. L’idée n’est pas de répondre parfaitement à chaque besoin de l’enfant à chaque moment, mais plutôt de répondre d’une manière « assez bonne ».
Dites STOP à la pression de la perfection !
Cette perspective allège grandement la pression que les mères peuvent ressentir face aux idéaux de maternité souvent véhiculés par les médias et la société. En effet, dans certains médias ou dans certaines théories actuelles ultra-normatives, on demande aux mères d’être des « super-mamans ». La société véhicule sans cesse des injonctions concernant les « compétences parentales ». On parle ainsi du « métier » de parent, notion qui laisse à penser qu’il en existerait des « experts ». Certains coachs revendiquent d’ailleurs le titre « d’expert en parentalité »🤔.
Acceptez « l’imperfection »
En acceptant que les erreurs sont normales et même bénéfiques, vous reconnaissez et acceptez vos imperfections. Cela vous aidera à réduire les sentiments de culpabilité délétèrent dans la relation mère-enfant. Les erreurs ne font pas vous de mauvaises mères, mais vous offrent plutôt des opportunités de croissance et de développement pour vous-mêmes et vos enfants.
*Cette notion à été développée dans un contexte où les femmes s’occupaient seules de leurs enfants (1953). Aujourd’hui, il est sûrement plus juste de parler de « parents suffisamment bons ».
Bibliographie :
D. Winnicott, La mère suffisamment, Petite Bibliothèque Payot, 2008
D. Winnicott, La Famille suffisamment bonne, Payot, 2010
D. Winnicott, Conseils aux parents, Payot, 1995
Conclusion
En somme, la notion de la « Mère suffisamment bonne » rappelle que l’objectif n’est pas d’éliminer toutes les incertitudes ou de vivre sans faire d’erreurs, mais plutôt d’appréhender ces expériences comme des parties essentielles de la fonction parentale. Si vous doutez de vous-même et que vous vous sentez souvent coupables, comprendre et intégrer cette notion de Mère suffisamment bonne » peut vous offrir un grand soulagement et une nouvelle perspective sur votre rôle de mère et votre impact dans la vie de vos enfants.
Partagez en commentaire vos expériences personnelles : Comment vivez-vous votre rôle de mère au quotidien ? Avez-vous des astuces pour équilibrer attentes et réalité ? 😊