Ce que personne ne vous dit sur les thérapies qui échouent après un trauma
Être victime d’un traumatisme psychique donne parfois l’impression de « rater » toutes ses thérapies. Vous avez essayé plusieurs approches, plusieurs thérapeutes, sans ressentir le soulagement attendu. Ce sentiment d’échec est douloureux et décourageant. De nombreuses victimes de traumatismes complexes (violences répétées, abus narcissique, maltraitances) traversent ce découragement. Ce n’est pas un signe que vous êtes « incurable » ou que vous ne faites pas « assez d’efforts ». Au contraire, ces difficultés témoignent de la profondeur des blessures invisibles laissées par le trauma, et de la nécessité d’une approche thérapeutique adaptée. Dans cet article, nous allons explorer les raisons possibles de ces échecs apparents :
- Quels mécanismes psychologiques et neurobiologiques (dissociation, mémoire traumatique, attachement insécure, sidération, etc.) freinent ou bloquent la thérapie ?
- En quoi le rôle du psychothérapeute et le cadre thérapeutique (reconnaissance du trauma, alliance de confiance, absence de jugement, évitement de la retraumatisation) sont-ils cruciaux ?
- Pourquoi des enjeux de timing, de lien de confiance, de sécurité émotionnelle, de validation du vécu et de respect du rythme individuel conditionnent-ils la réussite du processus ?
- Quelles pistes concrètes peuvent vous aider à trouver une démarche thérapeutique efficace et adaptée à votre histoire (choix du type de thérapie, formation du thérapeute, qualité de l’alliance, etc.) ?
Mon objectif est de vous apporter des clés de compréhension et d’espoir. Comprendre ces obstacles vous permettra de ne plus culpabiliser, et de mieux orienter vos prochaines étapes de soin vers la guérison.
Les blessures invisibles du trauma qui peuvent bloquer la thérapie
Dissociation : un mécanisme de survie qui entrave le lien thérapeutique
La dissociation traumatique est un phénomène fréquent chez les survivants de trauma complexe. Il s’agit d’un état où la personne se « déconnecte » de ses émotions, de son corps ou de la réalité de façon involontaire, pour se protéger d’un stress insupportable. Sur le plan neurobiologique, la dissociation agit comme un véritable « court-circuit » de survie : face à un danger extrême, le cerveau isole l’amygdale (le centre émotionnel) en “disjonctant” son circuit, ce qui coupe la victime de ses perceptions et de ses émotions (anesthésie affective) tout en interrompant la montée des hormones de stress. Autrement dit, lors d’un traumatisme impensable, un état de sidération survient : les réactions émotionnelles sont paralysées, la douleur psychique et physique est engourdie, comme si la personne assistait à la scène depuis l’extérieur d’elle-même. C’est un mécanisme de sauvegarde exceptionnel mis en place pour survivre au moment du trauma memoiretraumatique.org.
Si ce réflexe de dissociation se prolonge dans le temps (dissociation chronique), il comporte un coût élevé pour la victime. En la coupant de ses émotions et de ses ressentis, il entrave gravement sa capacité à se lier aux autres et à exprimer ce qu’elle vit. En thérapie, la dissociation est une difficulté majeure : le patient paraît détaché, « absent » ou engourdi émotionnellement. Par exemple, il oublie des pans entiers de la séance, ne sait plus ce qu’il ressent, ou parle de son trauma d’une voix plate, comme si cela n’était pas arrivé à lui/elle. Si le thérapeute ne repère pas ces signes, le travail thérapeutique stagne ou patine : « Si la dissociation passe inaperçue, elle entrave le progrès thérapeutique, et les techniques standard se révélent inefficaces voire contre-productives ». En effet, les approches classiques (par exemple la discussion cognitive ou l’exposition directe aux souvenirs) échoue le plus souvent ou même aggravent le malaise si la personne est dissociée, car elle n’est pas en mesure de traiter émotionnellement ce qui est abordé.
Il est donc essentiel que le thérapeute reconnaisse la dissociation et adapte sa façon de faire. Des interventions spécifiques (techniques de « grounding » ou ancrage dans le présent, exercices sensoriels pour ramener ici-et-maintenant, approche par petites touches plutôt que plongée brutale dans le trauma) sont nécessaires pour travailler avec une personne dissociative. Pour vous, en tant que victime, comprendre que vos absences, vos engourdissements ou vos trous de mémoire en séance sont des réactions de protection vous aide à ne plus en avoir honte. Ce n’est pas de la mauvaise volonté ni un échec personnel, mais le signe que votre cerveau se protège encore de souffrances trop vives. Une fois ce phénomène compris et pris en compte, la thérapie emprunte alors un chemin plus sécurisant, contournant progressivement les défenses dissociatives.
La mémoire traumatique : quand le passé envahit le présent
Beaucoup de survivants de trauma complexe souffrent de ce qu’on appelle une mémoire traumatique. Contrairement à une mémoire normale qui est intégrée dans le récit de vie, la mémoire traumatique est un fragment de passé qui reste « coincé » et non digéré dans le cerveau émotionnel. Elle se manifeste par des intrusions incontrôlables : flashbacks terrifiants, cauchemars répétitifs, impressions soudaines de revivre l’événement traumatique avec la même intensité qu’au moment des faits. Comme le décrit la psychiatre Muriel Salmona, « la mémoire traumatique, trouble de la mémoire implicite émotionnelle, se traduit par des réminiscences intrusives qui […] font revivre à l’identique tout ou partie du traumatisme, avec la même détresse, la même terreur et les mêmes réactions physiologiques […] que lors des violences » memoiretraumatique.org.
Cette mémoire est dite “anhistorique, non intégrée et hypersensible” : elle peut se déclencher des années plus tard, à la moindre sensation ou situation rappelant (même inconsciemment) le trauma. Telle une bombe à retardement, elle transforme la vie en terrain miné, où chaque déclencheur fait surgir une détresse extrême incompréhensible pour la victime elle-même. Tant que la mémoire traumatique n’est pas apaisée et intégrée, elle génère les symptômes psychotraumatiques les plus invalidants : reviviscences, crises d’angoisse, hypervigilance, cauchemars, etc. En thérapie, cette réalité interne pose plusieurs défis :
Évitement et sidération
Parce que ces souvenirs sont insupportables, vous avez sûrement mis en place des stratégies d’évitement pour ne pas y penser (refouler, éviter certains lieux, certaines conversations). En séance, il y a une peur ou une incapacité à aborder le sujet traumatique de front, de peur d’être submergé. Parfois même, dès qu’on s’en approche, la sidération traumatique refait surface : vous vous sentez figé(e), muet(te), « comme paralysé(e) », incapable de parler ou de penser, exactement comme lors du trauma initial. Ce n’est pas un « caprice » : la sidération est une réaction neurobiologique normale face à l’horreur (« freeze » ou inhibition totale de l’action). Elle persiste ensuite par réflexe dès qu’une situation rappelle le trauma, y compris dans le cabinet du psychothérapeute. Le résultat, c’est que la thérapie piétine tant qu’un sentiment de sécurité n’est pas rétabli (j’y reviendrais).
Mémoire fragmentée ou non reconnue
La mémoire traumatique est morcelée, sensorielle, hors contexte. Il arrive que la victime ne fasse pas le lien entre ses symptômes actuels et le trauma passé, surtout si personne ne l’a aidée à le comprendre. Vous consultez pour une dépression, des colères incontrôlées ou des troubles somatiques, sans qu’on ait relié ces problèmes à votre passé traumatique. Si le thérapeute ne reconnaît pas l’origine traumatique de vos difficultés, il risque de proposer un traitement inadéquat. Malheureusement, de nombreux survivants de violences subissent cette non-reconnaissance : on leur dit qu’ils ont « un trouble de la personnalité », qu’ils sont « trop sensibles » ou on se focalise sur un symptôme (alcool, anxiété…) sans traiter la racine traumatique. Vous vous sentez alors incompris(e) et vous vous découragez. En effet, « la méconnaissance des troubles psychotraumatiques et les difficultés de repérage des formes complexes conduisent à des diagnostics incomplets ou erronés, avec des prises en charge inadaptées ou insuffisantes » dumas.ccsd.cnrs.fr. En d’autres termes, si votre trauma complexe n’est pas identifié comme tel, la thérapie risque de passer à côté du cœur du problème.
Intrusions en séance
Paradoxalement, même quand on essaie d’aborder le trauma en thérapie, cela déclenche des réactions incontrôlables. Raconter son histoire fait resurgir des flashbacks ou des émotions brutes qui submergent la personne sur le moment. Sans précautions, revivre ainsi le trauma dans le cadre thérapeutique tourne à la retraumatisation (reviviscence non maîtrisée du choc initial). Nous en reparlerons en détail, mais retenons déjà qu’une exposition trop directe au souvenir sans préparation ni filet de sécurité est dangereuse : « la retraumatisation est un risque réel à chaque fois qu’une personne est exposée à son histoire traumatique sans outils, sans soutien et sans garanties de sécurité suffisantes pour gérer les réactions émotionnelles que cela suscite » ncbi.nlm.nih.gov.
En somme, la mémoire traumatique et ses effets rendent le travail thérapeutique délicat. Aller trop vite ou sans méthode adaptée, c’est s’exposer à un mur (évitement, dissociation) ou à une explosion (crise émotionnelle incontrôlée). Mais avec une approche respectueuse – d’abord stabiliser la personne, lui donner des outils pour faire face aux souvenirs, et n’aborder le trauma que progressivement – il est tout à fait possible de désamorcer cette bombe à retardement pour intégrer le souvenir sans être submergé. La thérapie ne doit pas vous faire revivre votre cauchemar de façon brute, elle doit au contraire vous aider à le transformer petit à petit en un souvenir qui n’a plus le pouvoir de vous envahir à tout moment.
Attachement insécure : quand la confiance ne vient pas
Les victimes de traumatismes complexes ont vécu ces violences aux mains de proches en qui elles avaient confiance (parents, conjoint, membre de la famille, figure d’autorité). Ces trahisons laissent une empreinte profonde sur la capacité à faire confiance et à s’attacher aux autres. On parle d’attachement insécure (anxieux, évitant ou désorganisé) pour décrire les schémas relationnels développés après des abus répétés, surtout quand ils surviennent dans l’enfance. Un enfant maltraité par un parent narcissique ou mal aimant grandit en intégrant l’idée que les proches sont source de danger ou d’imprévisibilité ; il en résulte à l’âge adulte une grande difficulté à établir des relations confiantes. La personne soit se méfiera de tout le monde et évitera l’intimité (attachement de type évitant), soit au contraire criera à l’aide tout en redoutant l’abandon (attachement anxieux), voire oscillera entre les deux (attachement désorganisé). Dans tous les cas, la relation au thérapeute risque d’être affectée par ces blessures d’attachement.
Or, on sait que l’alliance thérapeutique – c’est-à-dire la relation de confiance et de collaboration entre patient et thérapeute – est un des facteurs les plus déterminants de l’efficacité d’une psychothérapie. Pour guérir, il faut un lien sécurisant avec le soignant. Si vous avez un attachement insécure, ce lien mettra forcément plus de temps à se construire.
Difficulté à faire confiance
Vous pouvez avoir du mal à croire que le thérapeute veuille vraiment votre bien, ou qu’il ne vous juge pas. Vous guettez le moindre signe de rejet, de lassitude ou de trahison de sa part. C’est compréhensible : votre expérience vous a appris à être en alerte. Cependant, sans confiance, on n’ose pas se livrer pleinement, et le thérapeute, ne voyant pas vos blessures profondes, risque de sous-estimer l’ampleur du problème. Des études montrent d’ailleurs que les personnes ayant vécu des traumas d’enfance cumulatifs et un attachement insécure rapportent une alliance thérapeutique plus faible en thérapie. En clair, « la présence de traumatismes infantiles et d’un attachement insécure a été liée à une moins bonne alliance thérapeutique » pubmed.ncbi.nlm.nih.gov. Ce n’est la faute de personne, mais cela montre que le travail relationnel demandera davantage de patience.
Peurs d’abandon ou de rejet
Dans le cas d’un attachement anxieux ou désorganisé, vous ressentez une angoisse intense à l’idée que le thérapeute « vous laisse tomber » ou se moque de vous. Paradoxalement, cette peur vous amène à tester malgré vous la relation (par exemple, manquer un rendez-vous pour voir s’il réagit, rester sur la réserve pour vérifier s’il s’intéresse vraiment, etc.). Le danger est que le thérapeute, s’il n’est pas formé à ces dynamiques, interprète mal ces comportements (il peut y voir de la « résistance » ou du désintérêt, alors qu’il s’agit en fait de peur). D’où l’importance d’un professionnel sensible aux enjeux d’attachement qui verbalisera ces craintes et y répondre par de la fiabilité et de la bienveillance.
Reproduction du schéma d’emprise
Dans certains cas, surtout pour les victimes d’abus narcissique ou de relations d’emprise, le lien thérapeutique réactive des vécus antérieurs. Face à un thérapeute autoritaire ou distant, une victime ayant subi une relation de contrôle se sentira à nouveau soumise, incomprise, voire revivra un sentiment d’humiliation. Au contraire, face à un thérapeute très chaleureux, elle peut trop s’attacher et développer une dépendance affective, ou bien guetter la moindre « trahison ». Les abus narcissiques laissent chez la victime une estime de soi détruite et une grande confusion : elle doute d’elle-même, a peur de mal faire, cherche à être « parfaite » pour ne pas être critiquée, ou bien s’attend toujours à être manipulée. Ainsi « les victimes d’abus narcissique ont du mal à faire confiance aux autres et à poser des limites, ce qui impacte leur capacité à former des relations saines » charliehealth.com – y compris avec un thérapeute. Si ce dernier n’a pas conscience de ces fragilités, sans le vouloir il reproduira des schémas de pouvoir (par exemple imposer son point de vue, minimiser la souffrance, etc.).
En somme, un attachement insécure complique mais ne condamne pas la thérapie. Cela signifie surtout qu’il faudra un cadre très sécurisant pour apprivoiser la relation. Un bon thérapeute, informé de votre histoire, prendra le temps qu’il faut pour construire la confiance : il clarifiera le fonctionnement des séances, tiendra ses engagements, accueillera vos doutes sans les prendre personnellement, et sera attentif aux ruptures d’alliance pour les réparer par le dialogue. De votre côté, il est normal que vous soyez prudent(e) ; donnez-vous le droit d’exprimer (si possible) vos craintes ou vos difficultés à faire confiance. Un professionnel compétent reconnaîtra ces réactions comme des effets du trauma (et non comme de la mauvaise volonté) et vous aidera à les surmonter petit à petit. Rappelez-vous qu’au bout du chemin, une alliance thérapeutique solide est un vecteur puissant de guérison : créer un lien de confiance et de respect là où la violence avait semé la trahison, c’est réparer une partie de la blessure d’attachement. Les recherches soulignent d’ailleurs que plus l’alliance est forte, meilleurs sont les résultats de la thérapie archipel.uqam.ca. Cela vaut donc la peine de persévérer pour trouver un thérapeute avec qui ce lien se construira.
Quand le cadre thérapeutique fait défaut : erreurs, méconnaissances et retraumatisations
Même lorsque vous, victime, êtes motivé(e) pour aller mieux et que vous faites face à vos difficultés (dissociation, méfiance, etc.), la réussite de la thérapie dépend aussi de la qualité du cadre thérapeutique. Certains échecs en thérapie trouvent leur origine dans des lacunes professionnelles ou des approches inadaptées. Il est important de le dire : si une thérapie échoue, ce n’est pas forcément parce que vous n’avez pas « bien fait les choses » – parfois, c’est la thérapie elle-même qui n’était pas la bonne pour vous, ou le thérapeute pas assez formé à votre problématique. Voici quelques facteurs du côté du cadre thérapeutique qui expliquent un sentiment d’échec :
La non-reconnaissance du trauma et le mauvais diagnostic
Nous l’avons évoqué plus haut : un des grands écueils est qu’un professionnel de santé passe à côté de la dimension traumatique de vos troubles. Cela arrive pour les victimes de violences sexuelles, de maltraitances infantiles ou de violences conjugales à répétition. Par manque de formation en psychotraumatologie, certains cliniciens restent focalisés sur des symptômes apparents (idées suicidaires, automutilations, colères, addictions, troubles alimentaires, etc.) et posent des diagnostics psychiatriques inappropriés (par exemple : trouble borderline, bipolarité, troubles psychosomatiques, etc.), sans investiguer l’histoire de violences sous-jacente. Or, si on traite uniquement le symptôme sans reconnaître la cause traumatique, on risque de tourner en rond. Nombre de survivants témoignent avoir erré de psychiatre en psychiatre, collectionnant les étiquettes diagnostiques et les médicaments, sans jamais entendre parler de syndrome post-traumatique ou de dissociation, jusqu’à ce qu’enfin quelqu’un identifie le trauma source. Ce retard diagnostique vous fait perdre un temps précieux et vous décourage profondément.
Ne pas être reconnu en tant que victime, c’est revivre d’une certaine manière le déni ou la minimisation que vous avez déjà subis dans votre entourage. Le trauma non reconnu engendre aussi des prises en charge inadaptées voire délétères. Faire une thérapie de groupe classique alors qu’on souffre de flashbacks sévères (et sans aménagement spécial) s’avére très insécurisant ; ou encore suivre une psychanalyse de longue durée centrée sur l’enfance alors que le besoin urgent est de stabiliser un état de stress aigu post-agression récente. La Haute Autorité de Santé (HAS) en France souligne que ce manque de repérage des traumas complexes et de formation des soignants engendre une véritable perte de chance pour les victimes : « Ce manque de connaissance et de formation des intervenants est à l’origine d’une perte de chance dans le soin et est préjudiciable » pour le patient dumas.ccsd.cnrs.fr. En clair, ne pas avoir affaire dès le départ à un professionnel compétent en psychotraumatologie, c’est risquer de ne pas recevoir les bons soins au bon moment. Si vous avez le sentiment que vos thérapeutes précédents n’ont « pas vu » ce que vous avez traversé, ou ont minimisé l’impact du trauma, cela a participé aux échecs ressentis.
Un cadre peu sécurisant ou non adapté
La sécurité est le maître-mot de toute thérapie de trauma. Comme l’écrit la pionnière Judith Herman, la première phase de la guérison consiste à « établir la sécurité » : sécurité physique bien sûr, mais aussi émotionnelle, dans le cadre thérapeutique onlinelibrary.wiley.com. Le lieu, la relation et la méthode de thérapie doivent vous faire sentir suffisamment en confiance et en contrôle de ce qui se passe. Plusieurs situations compromettent ce sentiment de sécurité :
Thérapeute intrusif ou distant
Un bon thérapeute pour trauma trouvera le juste équilibre : ni trop froid (ce qui reproduirait un abandon ou un rejet), ni trop intrusif (ce qui peut rappeler une violation des frontières). Si vous avez eu face à vous un thérapeute manquant de douceur ou de patience, qui vous presse de parler de choses dont vous n’êtes pas prêt·e, qui vous coupe ou vous corrige sans cesse, ou au contraire qui semble indifférent et ne montre pas d’empathie, il est probable que vous ne vous soyez pas senti en sécurité pour travailler en profondeur. Le tact et l’empathie sont essentiels : votre vécu doit être accueilli sans jugement et avec une validation de vos émotions. Un défaut à ce niveau fait dérailler la thérapie.
Manque de structure ou de cadre clair
Les traumas complexes entraînent un sentiment de chaos intérieur. Le rôle de la thérapie est en partie de recréer de la prévisibilité et du contrôle. Si le thérapeute manque de rigueur (horaires fluctuants, absences non remplacées, règles floues) ou n’instaure pas un cadre sécurisant (confidentialité, respect, gestion des émotions fortes), le patient traumatisé se sent à nouveau plongé dans l’imprévisible, ce qui est anxiogène. Au contraire, un cadre bien tenu (règles claires, séances régulières, thérapeute fiable) offre une « base sécurisante » propice à la guérison. La sécurité, c’est aussi le droit de dire “stop” durant une séance si ça devient trop intense, ou de définir ce que l’on est d’accord de faire ou pas. Certaines personnes ne supportent pas d’être touchées : un thérapeute expérimenté le saura et demandera toujours la permission (pour un exercice de relaxation, par ex.) afin de ne pas vous faire revivre une intrusion corporelle. Prioriser le consentement et respecter les limites est absolument indispensable dans le travail du trauma.
Risques de retraumatisation en séance
Un écueil courant est de vouloir aller trop vite dans l’exploration du trauma, au point de retraumatiser le patient. La retraumatisation signifie que la personne se retrouve submergée par des émotions et sensations du passé, sans les outils pour les gérer, revivant ainsi une détresse aussi intense que lors du traumatisme initial. Si le thérapeute force l’évocation détaillée d’un événement alors que le patient n’est pas stabilisé, ou s’il pratique une exposition prolongée sans pause de sécurité, ou encore s’il laisse le patient se dissocier complètement sans intervenir. Résultat : vous ressortez de séance en état de panique, ou totalement dissocié, ne pouvant plus revenir pendant des jours. C’est évidemment contre-productif. La règle en psychotraumatologie est claire : jamais de dévoilement traumatique sans que la personne ait appris d’abord à se sentir en sécurité et à se « ramener au présent ». Les approches modernes insistent sur la stabilisation avant la reviviscence. Si ces précautions ne sont pas prises, la thérapie devient en elle-même une source de souffrance supplémentaire. “Slower is faster” : aller lentement est le moyen le plus sûr d’avancer sans dégâts. Comme le dit l’adage anglophone, « dans le travail du trauma, plus c’est lent, plus ça va vite » traumatreatmentcollective.com – parce qu’on évite ainsi les blocages et les retours en arrière causés par la retraumatisation. Un thérapeute compétent vous expliquera qu’il faut parfois d’abord apprendre à réguler vos émotions, à vous ancrer, à renforcer vos ressources, avant de plonger dans le récit détaillé du trauma. Si vous avez le sentiment que votre thérapie a échoué parce que chaque tentative d’aborder le passé vous bouleversait trop, c’est peut-être que le timing n’était pas ajusté ou que l’accompagnement manquait d’outils de stabilisation. Rassurez-vous : ce n’est pas que vous ne pourrez jamais affronter ce passé, c’est que cela doit se faire au bon moment et de la bonne manière. La priorité doit toujours être que vous vous sentiez en sécurité pendant la thérapie, même quand des émotions intenses surgissent.
En résumé, un échec thérapeutique provient d’un manque de connaissance ou de préparation du thérapeute face aux spécificités du trauma complexe. Comme le souligne un rapport, « les professionnels manquent d’outils et se sentent démunis face à des troubles intriqués » dans le psychotraumatisme, ce qui mène à des interventions inadéquates dumas.ccsd.cnrs.fr. Si vous avez vécu ce type de situation, il est important de ne pas vous en attribuer toute la responsabilité. Un changement de thérapeute ou d’approche peut alors faire la différence, surtout en vous tournant vers des spécialistes du trauma.
Clés d’une thérapie réussie : sécurité, alliance et approche adaptée
Après avoir dressé ce constat des difficultés, tournons-nous vers l’espoir : quelles sont les pistes concrètes pour vous aider, vous et vos proches, à (re)trouver une démarche thérapeutique efficace et adaptée ? Les travaux en psychotraumatologie, en neuropsychologie et en clinique montrent heureusement des solutions claires : il s’agit de réunir les bonnes conditions (sécurité, alliance, timing) et de choisir les bonnes méthodes (thérapies appropriées au trauma).
La patience et le respect du rythme individuel
Chaque personne traumatisée avance à son propre rythme. Il n’y a pas de comparaison valable entre votre parcours et celui d’un autre. Ne vous culpabilisez pas si votre thérapie prend du temps ou si vous avez besoin de plusieurs tentatives. Après des traumas répétés, la guérison n’est jamais linéaire. Ce qui compte, c’est de progresser pas à pas vers plus de stabilité et de soulagement, même si c’est lent. Un bon thérapeute le comprendra et n’exercera pas de pression sur vous pour « aller plus vite ». Au contraire, il/elle vous encouragera à écouter vos limites. Comme nous l’avons vu : dans le traumatisme, la règle “plus on va lentement, plus on avance sûrement” est primordiale traumatreatmentcollective.com. Si vous ne vous sentez pas prêt à aborder un certain souvenir, dites-le : le travail se concentre sur le renforcement de vos ressources d’abord (apprendre à gérer l’anxiété, à revenir au présent quand un flash survient, etc.), jusqu’à ce que vous vous sentiez assez solide. Il n’y a pas de honte à mettre le temps qu’il faut. La thérapie du trauma est un marathon, pas un sprint.
Une alliance thérapeutique solide et authentique
On l’a souligné : la qualité de la relation avec le thérapeute est déterminante. Il faut parfois “essayer” plusieurs professionnels avant de trouver la bonne personne, celle avec qui vous vous sentirez compris(e) et en confiance. N’hésitez pas à faire valoir vos besoins lors des premiers rendez-vous : posez des questions sur son expérience avec le trauma complexe, sur sa façon de travailler. Vous avez le droit de chercher un thérapeute avec qui “le courant passe” suffisamment, car c’est dans ce lien de confiance que vous baisserez progressivement vos défenses. Une alliance de travail solide, où vous vous sentez à la fois respecté et partie prenante de votre thérapie, est l’un des corrélats les plus étroitement liés à l’efficacité de la thérapie. Même la meilleure méthode du monde ne donnera rien si vous ne vous sentez pas en sécurité avec la personne qui la met en œuvre. À l’inverse, un lien empreint de chaleur, d’empathie et de collaboration permet la réparation psychique, en vous offrant une expérience relationnelle nouvelle (fiable et bienveillante).
Si dans le passé vous avez eu des thérapeutes avec qui ça ne collait pas, ne vous découragez pas : c’est une question de rencontre. La confiance se construit aussi avec le temps : il est normal qu’au début vous restiez sur la réserve. Un bon professionnel ne brusquera pas cette ouverture ; il vous laissera explorer à votre rythme la relation. Le vouvoiement (forme de politesse en français) est généralement de mise pour vous signifier le respect et éviter une familiarité malvenue – vous pouvez bien sûr convenir ensemble de la façon dont vous vous adressez l’un à l’autre, l’important est que vous vous sentiez respecté. N’oubliez pas : vous avez des droits en thérapie – le droit de dire ce qui ne vous convient pas, le droit de poser des questions, le droit de ne pas aborder un sujet si vous ne le sentez pas, etc. Si quelque chose dans le comportement du thérapeute vous met mal à l’aise (par exemple, il regarde beaucoup son horloge, ou il change souvent les rendez-vous, etc.), vous pouvez le signaler. Une bonne alliance repose sur la confiance mutuelle et la communication : votre ressenti a sa place dans la thérapie.
Un cadre sécurisant et la reconnaissance de votre vécu
Assurez-vous que la thérapie se déroule dans un contexte où vous vous sentez en sécurité : aspects concrets (le lieu des séances est calme et confidentiel, les horaires sont respectés, etc.) mais aussi le climat émotionnel. Vous devez vous sentir cru et compris. Si vous avez la sensation que le thérapeute doute de la véracité de vos paroles, ou minimise vos émotions (« Ce n’est pas si terrible ce que vous avez vécu… », « Il faut arrêter de dramatiser » – un bon thérapeute ne dira jamais ce genre de choses), ce n’est pas acceptable. Votre vécu doit être pleinement validé et reconnu. Cela passe aussi par de la psychoéducation : un thérapeute formé vous expliquera que vos réactions (flashbacks, hypervigilance, dissociation, colères, etc.) sont des conséquences normales du trauma, vous comprenez ainsi que vous n’êtes pas « fou/folle », mais bien en train de « gérer » une blessure réelle). Cette reconnaissance du trauma est un tournant dans bien des parcours : de nombreux survivants disent qu’ils ont commencé à aller mieux à partir du moment où un professionnel a enfin mis un nom sur ce qui leur arrivait (par ex. ESPT pour État de Stress Post-Traumatique ou TSPT complexe). Tant qu’on ne nomme pas les choses, il est difficile de les affronter. Assurez-vous donc que le cadre thérapeutique inclut cette validation et absence de jugement.
La sécurité implique aussi d’éviter toute retraumatisation. Un thérapeute trauma-aware (« sensible au trauma ») fera très attention à cela : il ne vous fera pas raconter les détails sordides de votre histoire dès la première séance ; il préparera d’abord le terrain, et s’il sent une détresse intense, il vous aidera à revenir au présent (techniques de respiration, ancrage sensoriel, etc.). Il vous expliquera que revivre de la détresse n’est pas le but : le but est de la surmonter dans un contexte où vous contrôlez le débit. Une image employée est celle du « titrage » en chimie : on introduit petit à petit des gouttes du souvenir traumatique dans le contenant sécurisé qu’est la thérapie, jamais plus que ce que vous pouvez tolérer à l’instant T, afin de désensibiliser progressivement la réaction. Si à un moment c’est trop, on arrête, on calme, on reporte. Vous avez toujours le droit de dire stop si vous sentez la panique monter. Un thérapeute averti ne le prendra pas mal, au contraire : il ajustera le rythme. Cette notion de “fenêtre de tolérance” est très importante : on cherche à ce que vous restiez dans une plage d’activation émotionnelle modérée, ni complètement engourdi (trop bas) ni en panique (trop haut). C’est dans cette fenêtre optimale que le cerveau intègre ce qui était jusqu’ici ingérable. D’où l’importance de la régulation émotionnelle en séance : surveiller vos signes (souffle, transpiration, agitation ou au contraire absence de réaction) et ajuster en conséquence. On voit ici que la qualité du thérapeute compte autant que la méthode en soi : il s’agit d’une véritable collaboration, où le thérapeute doit être empathique et à l’écoute, et vous, progressivement, apprendre à faire confiance et donner du feedback.
Des approches thérapeutiques spécialisées pour le trauma complexe
Si vous avez l’impression d’avoir « tout essayé » sans succès, peut-être est-il temps de vous tourner vers des thérapies mieux adaptées au trauma. La recherche a montré que face aux traumatismes complexes, les approches classiques (du type psychanalyse non directive, ou psychothérapie de soutien sans techniques spécifiques) sont insuffisantes. Comme le résume un auteur, « les thérapies cognitives classiques donne l’impression de ne mettre qu’un pansement sur une plaie profonde, car le trauma réside dans la mémoire implicite du corps, pas seulement dans l’esprit narratif » ryawellness.ca. Autrement dit, parler ne suffit pas toujours, car le traumatisme s’est imprimé dans votre système nerveux, dans vos émotions et même parfois dans votre corps (tensions chroniques, douleurs, sursauts, etc.). Heureusement, il existe aujourd’hui des thérapies dites « trauma-spécifiques » qui ont fait leurs preuves.
Thérapies psychocorporelles et neurobiologiques :
Le trauma étant en partie logé dans le corps, des méthodes comme le Somatic Experiencing® (SE) (expérience somatique développée par Peter Levine) visent à relâcher les énergies de « combat/fuite » restées bloquées. Par des exercices doux centrés sur les sensations (tremblements libératoires, mouvements spontanés), on aide le corps à terminer les réactions défensives interrompues pendant le trauma. D’autres travaillent sur le système nerveux autonome, par exemple via la théorie polyvagale (de Stephen Porges) : on apprend à reconnaître les états de sidération (shutdown) ou de panique, et à stimuler le nerf vague pour revenir à un état de sûreté. Ces approches corporelles complétent avantageusement la parole en thérapie, surtout pour ceux qui ont du mal à verbaliser. Elles aident à réguler les réactions physiologiques du trauma (hypervigilance, dissociation, etc.). Des études récentes indiquent des taux de succès prometteurs : par exemple, un programme de thérapie somatique intensive a pu amener 83 % de patients avec TSPT complexe en rémission en 3 mois, contre 32 % avec la thérapie par la parole seule ryawellness.ca. Même si chaque étude a ses limites, cela souligne bien que travailler via le corps et le système nerveux débloque des situations où la parole n’y arrivait plus.
En bref, n’hésitez pas à explorer différentes approches, en vous faisant conseiller de préférence par des professionnels spécialisés ou des centres de psychotraumatologie. L’important est que la thérapie choisie adresse bien les dimensions du trauma (corps, émotions, cognition, relation) et non pas seulement la surface. Souvent, une combinaison de techniques est bénéfique. Par exemple, vous pourriez faire de l’EMDR tout en continuant une thérapie de soutien, ou pratiquer du yoga thérapeutique en parallèle d’un suivi psychologique, etc. Veillez simplement à ce que chaque intervenant soit au courant de l’autre, pour que cela se coordonne dans votre intérêt.
S’orienter et persévérer : conseils aux victimes et à leurs proches
Pour finir, voici quelques conseils pratiques pour vous aider, vous ou vos proches, à naviguer vers une thérapie réussie.
Informez-vous et mettez des mots
Paradoxalement, lire sur le trauma (dans des ouvrages ou sites fiables) vous donne des clés et de l’espoir. Beaucoup de survivants disent qu’en découvrant la littérature sur le psychotrauma, ils ont eu un déclic : « enfin quelqu’un décrivait exactement ce que je vis ! ». Cela aide à sortir de l’isolement et à formuler vos besoins auprès des soignants. Savoir ce qu’est la dissociation ou la mémoire traumatique vous permettra de dire : « Je pense que je fais des flashbacks, et j’aimerais que ma thérapie prenne ça en compte ». Des associations comme l’Association Mémoire Traumatique (Dr Muriel Salmona) en France, ou l’International Society for Traumatic Stress Studies (ISTSS), offrent des ressources pédagogiques. Vos proches peuvent aussi se renseigner pour mieux comprendre vos réactions et éviter de vous blesser involontairement (par des phrases maladroites du type « il faut tourner la page », etc.). Mieux informés, vous pourrez ensemble soutenir la démarche de soin.
Choisissez un thérapeute formé en psychotraumatologie
Cela semble évident, mais beaucoup de déceptions viennent de là. Tous les psychologues/psychiatres ne sont pas outillés pour traiter un trauma complexe. Idéalement, cherchez des mentions telles que « formation en EMDR », « approche des traumas », « victimologie » ou « attachement et trauma » dans les profils. Les Centres de Psychotraumatologie (désormais présents dans chaque région en France) sont une excellente porte d’entrée : ils évaluent la situation et orientent vers les bons professionnels. Un thérapeute qualifié saura d’emblée évoquer avec vous les notions de sécurité, d’étapes de thérapie (par ex. il/elle vous dira : “on va d’abord travailler sur stabiliser vos symptômes, puis seulement quand vous serez prêt on reviendra sur le passé…” – ce genre de discours est bon signe). N’hésitez pas à demander quelle expérience il/elle a avec les personnes ayant un TSPT complexe ou ayant subi des violences narcissiques. Vous avez le droit de connaître le cadre de travail (par ex : fréquence des séances, possibilité de contact en cas de crise, etc.).
Impliquez-vous à votre mesure
La thérapie n’est pas un acte subi mais bien un processus actif auquel vous participez. Cela ne veut pas dire que tout repose sur vous (loin de là), mais votre engagement compte. Faites les exercices proposés entre les séances si vous le pouvez (noter vos émotions, pratiquer une respiration apprise, etc.), car c’est souvent là que les changements se renforcent. De même, exprimez vos retours en séance : ce qui vous a aidé, ce qui au contraire vous a mis mal. Un thérapeute ne peut pas deviner tout seul ce que vous vivez, et surtout il ne le prendra pas mal si vous dites « hier j’ai eu du mal après la séance, j’étais très anxieux ». Au contraire, il pourra ajuster le tir. Vous avez le droit d’être acteur/actrice de votre thérapie. C’est même un aspect positif pour contrer le sentiment d’impuissance légué par le trauma.
Entourez-vous de soutien
En parallèle de la thérapie, le soutien de vos proches ou de personnes qui vous comprennent est précieux. Si vous avez dans votre entourage des gens de confiance, n’hésitez pas à leur partager (un peu) ce que vous vivez en thérapie – sans forcément rentrer dans les détails du trauma, mais leur dire par exemple « c’est dur en ce moment car je travaille des choses sensibles, j’aurais besoin de ton soutien ». Vous pouvez aussi rejoindre des groupes de parole ou des forums de survivants de trauma (en faisant attention à ce qu’ils soient bienveillants et modérés), pour échanger avec des pairs. Se sentir compris par d’autres victimes rompt le sentiment d’échec (« si d’autres sont passés par là et s’en sont sortis, moi aussi je peux »). Attention toutefois à ne pas vous laisser envahir par les histoires des autres : chacun son chemin. Mais un groupe de soutien (physique ou en ligne) peut être un complément qui normalise ce que vous vivez.
Considérez les aides médicamenteuses ou autres si nécessaire
Ce point sort un peu de la thérapie elle-même, mais il est utile. Parfois, des symptômes comme l’insomnie, l’anxiété chronique ou la dépression profonde empêchent tout travail thérapeutique en amont. Dans ces cas, un traitement médical transitoire vous donnera le répit nécessaire pour avancer. Un antidépresseur stabilisera votre humeur pour que vous puissiez vous confronter aux souvenirs sans sombrer. De même, des techniques de relaxation, de méditation, ou même des approches comme la neurofeedback (entrainement du cerveau par biofeedback) réduisent l’hyperactivation post-traumatique. Il ne faut pas opposer ces aides : elles font toutes partie de votre boîte à outils de guérison. L’important est qu’elles soient bien coordonnées par des professionnels (médecin, psy…). N’hésitez pas à parler de toutes vos prises en charge à chacun de vos intervenants (par ex., dites à votre psy si vous prenez un médicament, ou à votre médecin que vous commencez l’EMDR). Cette vision globale évitera les malentendus et optimisera votre parcours.
Conclusion : reprendre espoir – la guérison est possible à votre rythme
Si vous vous êtes longtemps senti(e) en échec dans vos thérapies, retenez ceci : ce n’est pas vous qui êtes un « mauvais patient », c’est sans doute que les conditions n’étaient pas réunies pour que la thérapie fonctionne. Les traumatismes psychiques complexes posent des défis particuliers, mais avec les bonnes clés, la porte s’ouvre. Ces clés, nous les avons évoquées : compréhension des mécanismes (votre cerveau et votre corps ont réagi pour vous protéger, même si cela vous gêne aujourd’hui), nécessité de sécurité et de confiance, importance de l’alliance humaine avec le thérapeute, et choix d’approches thérapeutiques adaptées. Le trauma complexe n’est pas une condamnation à vie : on sait aujourd’hui que le cerveau et le corps conservent une plasticité remarquable, et qu’avec les bonnes méthodes, ils peuvent « désapprendre » les réponses de survie inadéquates pour en acquérir de nouvelles, plus sereines ryawellness.ca. Autrement dit, votre système nerveux peut guérir, même si cela prend du temps.
Prenez un instant pour reconnaître votre courage : malgré ces impressions d’échecs, vous cherchez encore des solutions, vous lisez des articles comme celui-ci, c’est la preuve que vous n’avez pas baissé les bras. Chaque tentative de thérapie vous a sûrement apporté des éléments, même minimes, qui s’additionneront au final. Donnez-vous la compassion que vous donneriez à un proche dans votre situation : vous avez survécu à des expériences terribles, et ce simple fait témoigne de votre force intérieure. La guérison ne signifie pas oublier le passé ou ne plus jamais avoir de cicatrices ; elle signifie reprendre du pouvoir sur votre vie, ne plus être hanté à chaque instant, retrouver la capacité d’éprouver de la joie, de la connexion, de l’espoir. Cela est à votre portée, avec un accompagnement adéquat.
En vous souhaitant de tout cœur de trouver le chemin de la résilience, retenez que vous méritez d’être aidé et compris. Les échecs d’hier ne préjugent pas des réussites de demain : de nouvelles approches, de nouveaux thérapeutes, ou simplement un déclic à un moment de votre vie renversent la situation. Continuez à vous battre pour votre mieux-être, à votre rythme, en vous entourant des bonnes personnes. Beaucoup d’autres avant vous sont parvenus à se reconstruire malgré des années d’errance – souvent au moment où ils ont enfin été écoutés comme il faut et avec les méthodes qu’il faut.
L’espoir est permis : Avec du temps, de la patience et du soutien, vous transformerez ce sentiment d’échec en une victoire sur vous-même, une étape après l’autre. N’hésitez pas à demander de l’aide, à sonner aux bonnes portes (associations, centres spécialisés, professionnels formés). Vous n’êtes pas seul·e sur ce chemin : des thérapeutes, des chercheurs, d’autres survivants – toute une communauté – œuvrent pour mieux comprendre et soigner le psychotraumatisme. Votre vécu compte, et il mérite d’être reconnu et guéri.